Comment prendre en compte l'égalité des genres dans le financement national de l'éducation ?

Une nouvelle étude menée par l’UNGEI et le Fonds Malala fournit deux outils pratiques pour s'assurer que la prise en compte du genre est effective à toutes les étapes des discussions sur le financement de l'éducation, et pour rendre ce financement plus équitable, efficace et efficient.

27 mai 2021 par Jorge Ubaldo Colin Pescina, GPE Secretariat
|
Lecture : 4 minutes
Une élève de CE 2 à l'école primaire de Phonsivilay dans le district de Meun en RDP Lao. Décembre 2018. Crédit : GPE/Kelley Lynch
Une élève de CE 2 à l'école primaire de Phonsivilay dans le district de Meun en RDP Lao. Décembre 2018.
Credit: GPE/Kelley Lynch

Avant même que la Covid-19 ne se propage à travers le monde, 129 millions de filles n'étaient déjà pas scolarisées (en anglais). Aujourd'hui, plusieurs millions d'autres ont connu une interruption de leur apprentissage en raison de la crise. Malheureusement, pour certaines, cela représentera la fin de leur éducation.

Outre la fermeture des écoles, la pandémie a eu un impact considérable sur les finances publiques dans le monde entier. Il est plus important que jamais de déterminer comment faire en sorte que chaque centime du financement de l'éducation contribue à renforcer l'égalité des genres. Pour ce faire, nous devons évaluer soigneusement les implications sexospécifiques du financement, ainsi que le coût et l'efficacité des programmes financés.

Cette perturbation inédite qu’a connu le secteur de l'éducation est également une occasion, pour beaucoup, de changer le statu quo et d'introduire de nouvelles mesures qui prennent mieux en compte la notion de genre afin de transformer les systèmes éducatifs.

Deux tiers des pays à faible revenu et à revenu moyen de la tranche inférieure, pour lesquels des données sont disponibles, ont réduit leurs budgets de l'éducation depuis le début de la pandémie (en anglais). Comment faire en sorte que les budgets de l'éducation continuent de répondre aux besoins des filles et des garçons ?

De meilleurs financements pour faire progresser l’égalité des genres dans l’éducation est le titre d’une étude initiée conjointement par l'Initiative des Nations Unies pour l'éducation des filles (UNGEI) et le Fonds Malala. Elle met en évidence deux outils prometteurs, mais sous-utilisés, qui visent à allouer des ressources de manière équitable, efficace et efficiente pour l'éducation des filles et des garçons : la gestion des dépenses publiques intégrant la notion de genre et l'analyse coût-efficacité.

La gestion des dépenses publiques tenant compte de la dimension de genre

Le fondement de la gestion des dépenses publiques intégrant la notion de genre consiste en l’identification des différents effets que produisent les dépenses d'éducation sur les filles et les garçons. C’est ce dont il est question dans le rapport. Les dépenses doivent être orientées pour corriger les déséquilibres, en améliorant la prise en compte de la dimension de genre dans la manière dont les fonds sont alloués et justifiés.

Certains mythes existent sur la gestion des dépenses publiques intégrant la notion de genre, et il convient de les dissiper. Il ne s'agit pas d'une analyse des lignes budgétaires exclusivement dédiées aux femmes et aux filles, ou d'un outil de plaidoyer pour allouer plus de fonds à ces lignes budgétaires, ni d'une proposition de séparer toutes les lignes budgétaires par genre.

La gestion des dépenses publiques intégrant la notion de genre est réalisée en appliquant une série d'étapes et d'outils à chaque stade du cycle budgétaire. Au stade de la préparation, nous évaluons les différents effets des dépenses d'éducation sur les filles et les garçons, puis nous réorientons les dépenses pour corriger les déséquilibres, améliorant ainsi l’intégration de la notion de genre dans la façon dont les fonds sont alloués.

Au stade de la discussion budgétaire, les principaux groupes d'intérêt font entendre leur voix pour s'assurer que l'égalité des genres reste une priorité dans le budget. Enfin, au stade de l'exécution du budget, les dépenses publiques sont déployées et suivies en tenant compte de la dimension de genre, ce qui permet de générer des informations pour améliorer l'utilisation des fonds, et de tirer des leçons pour le nouveau cycle à venir.

L’analyse coût-efficacité

L'analyse coût-efficacité compare le résultat escompté d'un programme avec son coût. L'intégration de l'analyse coût-efficacité permet également au gouvernement et à la société civile de faire des choix fondés sur des éléments concrets quant aux programmes et aux interventions à soutenir dans un contexte où les ressources sont limitées.

L'analyse coût-efficacité peut, par exemple, faire la lumière sur des alternatives de programmes susceptibles d’augmenter de manière significative le nombre d’enfants scolarisés pour un budget donné.

Cet outil doit devenir un élément fondamental de la discussion au cours de laquelle différentes alternatives de programmes sont sélectionnées, en particulier parmi les programmes destinés à atteindre un objectif précis, tel que l'augmentation de la scolarisation ou des résultats d'apprentissage.

Le rapport coût-efficacité est une analyse pertinente pour les pays en développement partenaires comme pour les partenaires de développement, avec une valeur significative dans l'exploitation et l'extension de la base de données probantes qui existe sur le rapport coût-efficacité des programmes axés sur l'éducation des filles.

Le rapport coût-efficacité n'est pas un ratio statique, et peut s'avérer particulièrement utile lorsqu'il s'agit d'envisager la mise à l'échelle de programmes pilotes nécessaires visant à répondre à la crise actuelle, par exemple autour de l'offre de cours de rattrapage ou de soutien psychosocial pour les filles.

La nécessité d'une coordination accrue des processus nationaux et d'aide

Le document de l'UNGEI et du Fonds Malala fournit des recommandations importantes pour les différents acteurs qui soutiennent un financement accru de l'égalité des genres dans l'éducation. Tirer parti des contextes de réformes pour soulever la question de la gestion des dépenses publiques intégrant la notion de genre et du rapport coût-efficacité peut augmenter les chances de réussite de ces initiatives, tout comme soutenir les champions locaux de l'égalité des genres qui peuvent faire avancer ces initiatives sur le terrain.

La gestion des dépenses publiques intégrant la notion de genre et l'analyse coût-efficacité soulignent toutes deux l'importance de lier le soutien technique et financier des partenaires de développement aux ressources locales.

Pour les pays partenaires, les premières étapes utiles sont les suivantes :

  • Évaluer l'incidence sexospécifique des budgets antérieurs alors que vous vous préparez à entrer dans le nouveau cycle budgétaire ;
  • Examiner le rapport coût-efficacité potentiel de la mise à l'échelle progressive de programmes pilotes prometteurs, et
  • Générer des données solides sur l'éducation, ventilées par sexe, qui soutiennent à la fois la gestion des dépenses publiques intégrant la notion de genre et le rapport coût-efficacité.

Plus de deux tiers des ressources destinées à l'éducation dans les pays à faible revenu et à revenu moyen de la tranche inférieure proviennent des dépenses publiques. L'intégration de la notion de genre dans le cycle budgétaire national est essentielle à tout effort en faveur d'une égalité durable entre les sexes dans l'éducation et, plus largement,
dans la société.

L'engagement du GPE en faveur de l'égalité des genres, et son rôle central dans notre nouveau modèle opérationnel, est une occasion pour tous les acteurs du secteur au niveau mondial et national de travailler ensemble à la prise en compte du genre dans le financement de l’éducation.

Pour garantir que toutes les filles et tous les garçons bénéficient de chances égales en matière d'éducation, nous intégrons l'égalité des genres dans notre modèle opérationnel afin de nous assurer que les processus, les financements, le suivi et l'apprentissage, et le dialogue du GPE favorisent l'égalité des genres.

Les conclusions de ce rapport soulignent l'importance de l'intégration de l'égalité des genres dans la production et l'utilisation de données probantes rigoureuses, ainsi que dans la planification et le dialogue sur le financement national.

Nous espérons que les leaders qui traduisent les solutions d'apprentissage en une réalité pour les filles et les garçons les plus marginalisés trouveront utiles les outils et principes de ce document, tandis que nous appelons tous les acteurs à poursuivre leur travail sur l'égalité des genres dans l'éducation en cette période difficile.

Lire aussi

Education is for all gender, Female and Male in the World

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Comments

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.