Comment les systèmes d'information pour la gestion de l'éducation peuvent-ils permettre une meilleure planification et un meilleur dialogue sur les politiques éducatives en Afrique ?

Malgré les progrès réalisés par les pays africains dans la production et l'utilisation de données sur l'éducation pour soutenir la planification et éclairer les politiques et la prise de décisions, de nombreuses lacunes persistent. Comment les systèmes d'information sur la gestion de l'éducation peuvent-ils faciliter une meilleure planification et un meilleur dialogue politique en Afrique ? Voici la solution que propose le groupe de travail de l'ADEA sur la gestion de l'éducation et l'appui aux politiques.

19 décembre 2019 par Alpha Bah, Ministry of Basic and Secondary Education. The Gambia, et Youssouf Ario Maiga, ADEA
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Lecture : 6 minutes
Un énumérateur administre l'évaluation en mathématique de la première année (EGMA) à un élève de l'école publique de Mariakani au Kenya.
Un énumérateur administre l'évaluation en mathématique de la première année (EGMA) à un élève de l'école publique de Mariakani au Kenya.
Credit: PME/Deepa Srikantaiah

Cet article est le 13e d'une série de blogs publiée en 2019 dans le cadre d'une collaboration entre l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA) et le Partenariat mondial pour l'éducation.

Même si les pays africains ont réalisé des progrès en termes de production et d’utilisation de données sur l'éducation afin de soutenir la planification et éclairer les politiques et la prise de décisions, de nombreuses lacunes persistent.

Selon plusieurs évaluations menées par l'ADEA et d'autres organisations de développement au cours de la dernière décennie, la plupart des pays africains sont confrontés à diverses difficultés en termes de production de statistiques sur l'éducation qui soient précises, complètes et publiées en temps opportuns.

Ces difficultés sont encore plus prononcées dans les pays en situation de conflit, post-conflit et fragiles, où le nombre de réfugiés ou de déplacés internes est élevé.

En outre, la coordination des acteurs au sein des pays reste faible, et la collecte ainsi que la communication des données sont fragmentées et impliquent plusieurs ministères et institutions responsables du système d'information pour la gestion de l'éducation (SIGE).

Les défis de la production de données sur l'éducation

Cette situation rend difficile le suivi de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, de la Stratégie continentale d'éducation pour l'Afrique 2016-2025 (CESA 16-25), de l'ODD 4 ainsi que des objectifs fixés par l'Agenda 2030.

L'adoption de l'ODD 4 visant à « assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir des opportunités d'apprentissage tout au long de la vie » a exacerbé les difficultés avec de nouvelles données importantes à communiquer (l'indicateur sur l’état de préparation à l’apprentissage, qui collecte des données provenant des ministères de la santé et de la nutrition, par exemple).

Le SIGE est en proie à une nouvelle difficulté concernant la manière d’aider les gouvernements à fournir les données nécessaires sur les langues locales et nationales qui sont introduites dans les petites classes, afin de veiller à l’efficacité de la conception et de la mise en œuvre des interventions.

Une évaluation de l'ADEA montre qu’aucun cadre de rapport institutionnalisé sur l’ODD 4 et la CESA 16-25 n’existe dans la plupart des pays africains, ni aucun outil de système d'information générique pouvant être utilisé pour recueillir, traiter et communiquer des données et des informations sur l'éducation et la formation, afin d’évaluer les progrès liés à la mise en œuvre de l'ODD 4.

Les éléments concrets indiquent que la portée actuelle des SIGE est limitée en termes de production et de communication de données complètes, en particulier pour des domaines fondamentaux tels que l'évaluation de l’assiduité des enseignants et des apprenants, les résultats d’apprentissage, les jeunes non scolarisés, l'éducation non formelle, les réfugiés et les apprenants handicapés.

Un autre défi majeur consiste en la faible culture d'utilisation des données. En effet, il existe un écart entre l'offre et la demande en termes de données sur l'éducation. La plupart évaluations (des SIGE ou autres) commandées ou réalisées par l'ADEA dans plusieurs pays africains ont mis en évidence un manque d'utilisation des données existantes sur l'éducation pour le dialogue politique.

L'outil « Normes et standards SIGE » de l'ADEA comme solution possible à ce problème

Afin de s’attaquer aux difficultés susmentionnées, la Task force de l'ADEA sur la gestion de l'éducation et l’appui aux politiques (TFGEAP) a entrepris diverses initiatives visant à renforcer la capacité de production de données de qualité au niveau national grâce à l’élaboration d'un outil de diagnostic complet et d'analyse comparative du SIGE, connu également sous le nom de « Normes et standards SIGE », suivi d'un cadre d'évaluation.

TL'outil de diagnostic vise à mettre en évidence les forces et les faiblesses du système de collecte de données dans un pays donné pour garantir que l'agenda du SIGE soit désormais pris en compte dans le débat et les priorités du secteur national de l'éducation.

À cette fin, pour veiller à l’institutionnalisation du processus ainsi qu’à l’optimisation des ressources et la durabilité, l'ADEA entreprend la mise en œuvre de cet outil de diagnostic et de référenciation en étroite collaboration avec la Commission de l'Union africaine (CUA), les Communautés économiques régionales (CER) et les spécialistes-pays en SIGE.

Élargir l'utilisation du contexte national au contexte régional

Cet outil couvre les cadres politiques et juridiques, la disponibilité et l'utilisation des ressources, les procédures statistiques ainsi que les stratégies de diffusion de l'information. L'outil pourrait être adopté ou personnalisé par les communautés économiques régionales africaines (CER) pour servir de référence, afin de plaider en faveur des meilleures pratiques et d'entreprendre des activités régionales d'évaluation comparative.

L'outil comprend 17 normes minimales et environ 100 normes associées (selon les CER). Il veillera également à ce que tous les pays membres d'une CER soient en mesure de communiquer efficacement tous les ensembles de statistiques et d'indicateurs, d'assurer une comparaison entre les pays et d'orienter les pays dans l'analyse comparative et l'amélioration de leur SIGE national, ainsi que l'harmonisation des réseaux de SIGE aux niveaux régionaux et continental.

Since ministers of education adopted this tool between 2010 and 2012, ADEA-TFEMPS has implemented a peer review mechanism in CEDEAO (Burkina Faso, Gambie, Ghana et Mali), de la SADC (Angola, Botswana, e-Swatini, Mozambique and Zimbabwe), et de la CAE (Ouganda).

Ecole publique de Murape au Zimbabwe.
Ecole publique de Murape au Zimbabwe. Novembre 2016.

L'une des principales leçons apprises dans ces pays est que le processus de revue du SIGE par les pairs contribue grandement à accroître sa visibilité auprès des parties prenantes locales. Cela inclut la possibilité de partager les meilleures pratiques entre pairs au sein de la région et de renforcer les capacités entre pairs nationaux et internationaux grâce au partage de connaissances et de l’expérience sur les processus du SIGE.

En outre, la plupart des pays ont recommandé la nécessité d'une politique sur les SIGE visant à guider la collecte, le traitement et la diffusion des données.

Une approche innovante qui donne des résultats

L'innovation en ce qui concerne la mise en place par l’ADEA d’une revue par les pairs sur les SIGE est basée sur la méthodologie de la revue qui combine une auto-évaluation et un regard critique externe sur l'ensemble des systèmes de données des sous-secteurs. L'approche est participative, impliquant tous les acteurs de l'éducation, et elle est exhaustive, allant de la collecte des données à leur publication et leur utilisation.

Cette initiative est innovante dans la mesure où les équipes nationales « s’approprient » les normes, les standards et le cadre d'évaluation. En outre, les recommandations de la revue par les pairs des parties prenantes nationales - dont les ministères de l'Éducation, les bureaux nationaux de statistique et les partenaires des groupes locaux des partenaires de l’éducation (GLPE) - sont nouvelles.

En plus de la préparation d'un rapport national, un autre résultat de la revue par les pairs du SIGE consiste en l'élaboration d'un plan d'action avec un coût estimé basé sur les recommandations du rapport du SIGE. Le plan d'action peut servir de guide de mise en œuvre pour l'équipe nationale du SIGE, et l'ADEA peut apporter un soutien technique.

Des résultats tangibles obtenus par la TFGEAP

Au cours de la dernière décennie, la TFGEAP a entrepris un certain nombre d'activités visant à renforcer la capacité de plus de 3 500 spécialistes des SIGE dans 45 pays africains sur des sujets liés à l'ensemble du cycle d’un SIGE, renforçant ainsi les capacités de ces derniers à élaborer des SIGE de qualité dans leurs pays respectifs.

Ce soutien comprenait le développement et la gestion de bases de données, l’élaboration de sites Web et de systèmes de gestion de contenu (CMS) pour la production de rapports sur les statistiques de l'éducation, l’élaboration de StatEduc pour le traitement et l'analyse, l'évaluation de SIGE, l'analyse sectorielle, la production d'annuaires statistiques, la production et l'utilisation de notes d’orientation et d'indicateurs, ainsi que la conception de modèles de rapports pour les pays.

La TFGEAP fournit également depuis de nombreuses années des logiciels et du matériel informatique afin de soutenir les efforts des pays en développement aux niveaux national, régional et international dans l’élaboration de SIGE de qualité.

Ainsi, la plupart des pays disposent désormais d’un SIGE, qui peut varier, allant du plus simple (c'est-à-dire ceux qui fonctionnent dans des situations de crise) au plus sophistiqué.

La plupart des pays bénéficiaires disposent également maintenant d’unités de planification de l'éducation (UPE) opérationnelles, avec une composante SIGE, et sont en mesure de produire chaque année, en temps raisonnablement opportun, des annuaires ou des rapports de recensement statistique annuel (ASC).

L'ADEA a fourni un soutien au renforcement des capacités du SIGE dans un certain nombre de pays, notamment le Burkina Faso, la Gambie, le Ghana, le Mali, le Mozambique, la Namibie, le Nigéria, le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Zambie, le Zimbabwe.

Ces pays sont en mesure d'effectuer une analyse sectorielle et un suivi des progrès de la mise en œuvre de leur plan sectoriel de l'éducation.

Les données sont l'un des outils les plus efficaces pour informer, engager et créer des opportunités pour tous les acteurs de l'éducation. Tous les acteurs ont un rôle important à jouer si nous voulons atteindre nos objectifs communs en matière d'éducation et de formation en Afrique.

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