Comment la société civile contribue à transformer l'éducation en Tanzanie

Trois organisations de la société civile tanzanienne partagent leur expérience de partenariat avec le gouvernement et d'autres acteurs dans le cadre des processus du GPE, en vue de réaliser des changements à grande échelle dans le secteur de l'éducation.

14 novembre 2023 par Secrétariat du GPE
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Lecture : 6 minutes
Sophia Leonard, guide d'apprentissage de CAMFED, s'entretient avec Hanipha, une élève du secondaire, dans son école de Kilosa, en Tanzanie. Crédit : CAMFED/Eliza Powell
Sophia Leonard, guide d'apprentissage de CAMFED, s'entretient avec Hanipha, une élève du secondaire, dans son école de Kilosa, en Tanzanie.
Credit: CAMFED/Eliza Powell

Le gouvernement tanzanien a une longue tradition de collaboration avec un large éventail de parties prenantes, afin de dispenser une éducation de qualité aux enfants et aux jeunes tanzaniens.

Le pays a fait des progrès significatifs vers l’atteinte de l’objectif d’une éducation de base universelle. Cependant, l'instauration de la gratuité de l'éducation de base en 2016 a conduit à un afflux d'élèves dans le système et, l'apprentissage en a souffert en raison du grand nombre d’élèves par classe.

Travailler en partenariat pour transformer l'éducation

En 2021, la Tanzanie et ses partenaires ont travaillé ensemble pour identifier les défis récurrents à l'amélioration de l'apprentissage et une réforme prioritaire susceptible de relever ces défis de manière systémique et durable. Le Pacte de partenariat de la Tanzanie a été publié en 2022, marquant l'accord des parties prenantes de donner la priorité à l'amélioration de la planification et de la gestion du personnel enseignant.

Le GPE aide la Tanzanie à déployer le bon nombre d'enseignants formés là où ils sont le plus nécessaires, à savoir dans les zones défavorisées.

L’accent mis sur l'égalité des genres et l'inclusion signifie que le pays vise à embaucher davantage d'enseignantes, à améliorer la participation et le leadership des femmes dans l'éducation et à soutenir les élèves et les enseignants ayant des besoins éducatifs spéciaux. L’accent mis sur l'amélioration de l’environnement pédagogique vise à garantir une répartition équitable des ressources d'enseignement et d'apprentissage.

Nous nous sommes entretenus avec trois organisations de la société civile (OSC) pour en savoir plus sur la manière dont elles travaillent avec le gouvernement et d'autres partenaires pour s'assurer que tous les enfants en Tanzanie reçoivent l'éducation qu'ils méritent.

Zuhura Ally, guide pour les apprenants de la CAMFED, travaille avec des élèves de son ancienne école secondaire à Bagamoyo, en Tanzanie. Crédit : CAMFED/Eliza Powell
Zuhura Ally, guide pour les apprenants de la CAMFED, travaille avec des élèves de son ancienne école secondaire à Bagamoyo, en Tanzanie.
Credit:
CAMFED/Eliza Powell

Comment les processus du GPE favorisent-ils un dialogue inclusif entre les partenaires et l'alignement de leurs ressources sur les priorités politiques ?

Lydia Wilbard

Le GPE offre une façon systématique, organisée et vérifiée d'examiner les choses ensemble. Le processus donne l'occasion de réfléchir en tant que secteur de l'éducation, en s'appuyant sur les bases solides de la structure du dialogue éducatif du gouvernement tanzanien. De la communauté au niveau national, les différentes parties prenantes participent au processus. Pour moi, c'est un moment de réflexion où nous examinons les leçons tirées et, plus important encore, les informations dont nous disposons, ce qu'elles nous disent et où se situent les lacunes. Nous avons réfléchi aux statistiques en termes de situation du pays, mais aussi en termes financiers - ce que nous avons en tant que gouvernement, ce que les partenaires de développement apportent, ce que les organisations de la société civile apportent, et quelles sont les pièces manquantes.

Lydia Wilbard
Directrice exécutive - apprentissage et engagement, CAMFED

En quoi le processus du pacte de partenariat du GPE diffère-t-il de ce qui se faisait auparavant ?

Ochola Wayoga

Le processus du pacte de partenariat est très différent du processus antérieur de requête de financement. Il a cristallisé l'inclusion de tous les acteurs dans le processus, a permis à tous ceux qui sont impliqués de s'approprier le programme de manière approfondie et nous a mieux informés sur ce qui se prépare en termes de transformation du système éducatif dans le pays. Les processus antérieurs étaient trop biaisés au sein d'un groupe de personnes qui pouvaient penser et écrire au nom du pays sans un large consensus parmi tous les acteurs. Le nouveau processus a renforcé la transparence et l'appropriation par tous les acteurs.

Ochola Wayoga
Coordinateur national, Réseau tanzanien pour l’éducation (Tanzania Education Network - TEN/MET
La chorale de l'école primaire d'Igunga se produit lors de la Conférence internationale sur la qualité de l'éducation 2022 du Réseau tanzanien pour l’éducation à Dar es Salaam, en Tanzanie. Crédit : Réseau tanzanien pour l’éducation
La chorale de l'école primaire d'Igunga se produit lors de la Conférence internationale sur la qualité de l'éducation 2022 du Réseau tanzanien pour l’éducation (Tanzania Education Network - TEN/MET) à Dar es Salaam, en Tanzanie.
Credit:
Réseau tanzanien pour l’éducation

Comment ce processus a-t-il permis d'identifier une priorité capable de transformer le secteur de l'éducation ?

Ochola Wayoga

Lorsque vous regardez le secteur de l'éducation en Tanzanie, il y a un certain nombre de questions critiques qui nécessitent des solutions urgentes et durables. C'est pourquoi le groupe de travail chargé d'élaborer le pacte de partenariat a réexaminé en profondeur notre plan de développement du secteur de l'éducation, les rapports d'analyse sectorielle de l'éducation des cinq dernières années, les résultats en matière d'apprentissage et l'inefficacité globale du système qui fait échouer les progrès dans le domaine de l'éducation. À l'unanimité, le gouvernement, les partenaires de développement, les organisations de la société civile sous l'égide du TEN/MET et les agences des Nations Unies impliquées ont convenu que pour transformer le système éducatif tanzanien, il est nécessaire de planifier et gérer le personnel enseignant.

Ochola Wayoga
Coordinateur national, Réseau tanzanien pour l’éducation
Lydia Wilbard

Nous avons consulté nos documents, nos priorités, nos données et c'est ainsi que nous avons défini comme priorité la formation des enseignants. Nous nous sommes dit : si nous voulons voir une amélioration en termes d'éducation de base (notre engagement en matière de politique d'éducation) quel élément peut servir de catalyseur ? C'est ainsi que nous sommes parvenus à la gestion et à la planification du personnel enseignant. Si nous travaillons bien avec les enseignants, si nous planifions mieux, si nous les formons mieux, si nous les employons mieux et si nous les répartissons mieux, nous obtiendrons de meilleurs résultats. Nous avons demandé ce qu'il fallait faire pour les aider à réussir. Nous avons examiné la façon dont les enseignants ont été gérés dans le passé et nous avons dit qu'en tant que secteur, si nous y parvenons, nous verrons des améliorations en matière d'éducation.

Lydia Wilbard
Directrice exécutive - apprentissage et engagement, CAMFED

Comment les organisations de la société civile peuvent-elles contribuer à transformer l'éducation en Tanzanie ?

Lydia Wilbard

En positionnant notre travail au sein du système. Nous parlons avec les communautés de la manière dont nous pouvons servir chaque enfant et aider le système à faire mieux. Nous travaillons avec le gouvernement, nous fournissons des ressources, nous contribuons à l'agenda du gouvernement, nous stimulons la responsabilité de la communauté et nous utilisons les enseignements de la communauté pour déterminer les besoins. En travaillant chaque jour avec des jeunes femmes issues de communautés marginalisées, d'écoles difficiles d'accès et des enseignants, et par le biais de la plateforme TEN/MET, nous sommes en mesure de partager nos études de cas et de dire au gouvernement, par exemple, que certaines écoles n'ont pas d'enseignantes, afin qu’il en soit informé. Nous examinons également les problèmes ensemble en invitant, par exemple, des représentants du gouvernement à visiter les écoles.

Lydia Wilbard
Directrice exécutive - apprentissage et engagement, CAMFED
Dr John Kalage

Les organisations de la société civile ont contribué à la transformation de l'éducation en Tanzanie en participant à la mise en œuvre et au suivi des activités de financement et en jouant un rôle actif dans la structure de dialogue du secteur de l'éducation. Depuis de nombreuses années, les organisations de la société civile apportent des ressources pour venir compléter les efforts du gouvernement et elles se sont engagées à contribuer aux ressources pour débloquer les financements innovants du GPE, c'est-à-dire le fonds à effet multiplicateur. Les organisations de la société civile mobilisent les communautés pour qu'elles participent efficacement aux activités de financement et mènent des recherches et des enquêtes périodiques pour évaluer les résultats obtenus. En outre, les organisations de la société civile ont joué un rôle actif dans le suivi et l'influence des politiques, y compris la promotion de la transparence et de la responsabilité à tous les niveaux.

Dr John Kalage
Directeur exécutif, HakiElimu
Des représentants du Réseau tanzanien pour l’éducation (TEN/MET) participent à la construction d'un dortoir lors de la Semaine mondiale d'action pour l'éducation 2023 à Morogoro, en Tanzanie. Crédit : Réseau tanzanien pour l’éducation
Des représentants du Réseau tanzanien pour l’éducation (TEN/MET) participent à la construction d'un dortoir lors de la Semaine mondiale d'action pour l'éducation 2023 à Morogoro, en Tanzanie.
Credit:
Tanzania Education Network

Quelle est, selon vous, la valeur ajoutée du GPE pour votre pays ?

Dr John Kalage

La Tanzanie n'a pas été en mesure d'allouer 20 % du budget annuel ou 5 à 6 % du PIB au secteur de l'éducation, tel que le recommande l'accord international. Cela est dû à l'insuffisance des ressources et aux priorités concurrentes provenant de différents secteurs. Ainsi, l'investissement du GPE nous a toujours été d’une grande aide, et son appui technique d'une grande valeur. Les réalisations dont nous sommes fiers dans le secteur de l'éducation, telles que l'augmentation significative du taux brut de scolarisation dans l'éducation de base (plus de 90 %), la parité filles-garçons dans l'éducation de base, l'amélioration des infrastructures et l'amélioration générale de la qualité, peuvent être directement associées au soutien du GPE et d'autres partenaires de développement.

Dr John Kalage
Directeur exécutif, HakiElimu
Lydia Wilbard

Le GPE est un partenaire clé en termes d'amélioration de l'éducation. Il apporte des ressources, mais il est également disposé à participer à l'équipe et au processus, au lieu de se contenter d'envoyer des ressources et d'observer. La valeur ajoutée du GPE est le partenariat collaboratif et sa volonté de faire partie de l'équipe pendant le processus.

Lydia Wilbard
Directrice exécutive - apprentissage et engagement, CAMFED

À propos des organisations de la société civile

Le Réseau tanzanien pour l’éducation (TEN/MET) est un organisme-cadre regroupant 219 sociétés civiles travaillant dans le secteur de l'éducation en Tanzanie. Le TEN/MET aspire à un système éducatif dans lequel tous les apprenants ont la possibilité de bénéficier d'une éducation inclusive, équitable et de qualité en Tanzanie. Fondamentalement, le TEN/MET représente la voix des citoyens exigeant l'éducation qu'ils souhaitent. Grâce au TEN/MET, l'agenda collectif des citoyens en matière d'éducation est amplifié, pris en compte et poussé vers la transformation souhaitée de l'éducation.

Dans le cadre de son investissement dans les efforts de plaidoyer et de responsabilité sociale de la société civile, L'Éducation à voix haute du GPE soutient le Réseau tanzanien pour l’éducation/Mtandao wa Elimu Tanzanie (TEN/MET) pour la période 2020-2023. Ce soutien s’inscrit dans la continuité d’un appui antérieur du Fonds de la société civile pour l'éducation (FSCE).

Consulter les autres initiatives de la société civile soutenus en Tanzanie par le biais de l'Éducation à voix haute.

HakiElimu est une organisation non gouvernementale, membre du TEN/MET, qui vise à permettre aux populations de transformer l'éducation à l'intérieur et à l'extérieur des écoles, d'influencer l'élaboration des politiques et leur mise en œuvre effective, de stimuler un dialogue public imaginatif et le changement social, de mener des recherches, des analyses politiques et des actions de plaidoyer, et de collaborer avec des partenaires pour faire progresser la participation, la responsabilité, la transparence et la justice sociale.

La CAMFED est une organisation qui aide les filles les plus vulnérables à aller à l'école, à terminer leur scolarité et à devenir des leaders. Mouvement panafricain dirigé par les locaux, la CAMFED a commencé à travailler en Tanzanie en 2006 et est membre du TEN/MET.

KIX soutient la recherche menée par CAMFED Tanzanie sur la mise à l'échelle d'un programme de soutien social et de mentorat mené par les jeunes pour améliorer la qualité de l'éducation des filles marginalisées en Tanzanie, en Zambie et au Zimbabwe. En savoir plus.

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