Dans de nombreux pays, les enfants les plus favorisés sur le plan socioéconomique finissent par absorber l'essentiel des dépenses publiques liées à l'éducation. C’est l’une des raisons pour lesquelles efficience, équité et efficacité sont intimement liées pour parler de systèmes éducatifs solides. C'est pourquoi le PME poursuit ces objectifs de manière conjointe dans son modèle de renforcement des systèmes éducatifs.
L’équité en matière d’éducation est bien reconnue dans la planification sectorielle mais, la réponse proposée correspond rarement à l’ampleur du problème. Les évaluations du PME au niveau des pays ont révélé que les plans récents du secteur de l’éducation tenaient généralement compte des disparités en matière d’éducation. Cependant, plusieurs d'entre eux ne traitent pas les problèmes d'équité de manière suffisamment détaillée ou cohérente, et la plupart ne présentent pas de plan de mise en œuvre réalisable.
De nombreux pays ont introduit ou étendu des mesures visant à élargir l'accès à l'éducation des enfants non scolarisés, mais celles-ci sont souvent déployées à une échelle relativement petite et nécessiteront « d'importants investissements supplémentaires pour avoir des effets à l'échelle du système. »
Disposer de connaissances et innover pour que personne ne soit laissé pour compte
La lutte contre les injustices doit figurer au centre des plans nationaux de l'éducation et faire partie des grandes priorités mondiales en matière d'éducation. Cela nécessite d'accorder une attention particulière aux enfants les plus marginalisés dans ces pays, notamment ceux qui font face à de multiples formes de désavantages. De nouvelles approches en termes d'analyses, de méthodes, de réseaux et de formes de soutien aux gouvernements des pays en développement et aux donateurs seront nécessaires pour s'attaquer aux inégalités persistantes, si l'on veut atteindre les ODD d'ici 2030.
Le mécanisme de partage de connaissances et d'innovations du PME (KIX) financera de nouvelles recherches visant à combler ces lacunes en termes de données probantes et de connaissances, à générer des solutions innovantes aux problèmes identifiés par les pays partenaires et à renforcer la capacité des gouvernements à innover, à générer et à utiliser des preuves et des données.
Ne laisser personne de côté, un document de travail sur l'équité et l'inclusion commandé pour guider les investissements dans KIX, dresse la liste des initiatives déjà en cours et décrit les lacunes et les opportunités pour KIX. Le document met en évidence quatre besoins critiques :
- Mieux collecter les données
Les groupes marginalisés sont souvent invisibles dans les données, sapant ainsi les efforts de promotion de l'équité et de l'inclusion dans la planification de l'éducation nationale. L’accent mis sur l’équité et l’inclusion soulève de nouveaux problèmes pour les données sur l’éducation : comment mesurer les interactions des enseignants avec des élèves d'origines différentes dans la même salle de classe ? Comment mesurer la manière dont les établissements scolaires pourraient systématiquement exclure ou séparer certains élèves ?
Parmi les initiatives existantes, le Groupe interinstitutions sur les indicateurs d’inégalité dans l’éducation (en anglais) promeut et coordonne la collecte de données permettant de suivre les inégalités dans l’éducation ; le Groupe de Washington sur les statistiques d'invalidité a facilité la collecte de données ventilées par type de handicap, bien que ces données restent jusqu'à présent rares ou en cours de développement ; les bases de données en ligne de l'UNESCO et de Save the Children permettent de visualiser facilement les lacunes en matière d'accès et d'apprentissage ; et l’Initiative relative aux enfants non scolarisés, appuyée par le PME, a aidé un certain nombre de pays à créer des profils statistiques sur les enfants non scolarisés, afin d’élaborer de meilleures politiques.
Sur la base de ces initiatives, les gouvernements ont besoin de plus d’aide pour collecter et utiliser des données ventilées dans la planification et les politiques.
- Aider les pays à mieux planifier
La planification de l'équité et de l'inclusion nécessitera à la fois une réforme de l'ensemble du système et des programmes ciblés pour atteindre les plus marginalisés. Un portefeuille croissant d’outils de diagnostic des systèmes éducatifs, tels que le Guide méthodologique pour l'analyse sectorielle de l'éducation. Volume 1 préparées par le PME, l’UNICEF, l’IIPE et la Banque mondiale, aborde l’équité et l’inclusion à des degrés divers. Les pays continuent d'avoir besoin de soutien pour intégrer ces besoins dans l'analyse sectorielle de l'éducation et pour élaborer des plans réalisables, budgétisés et réalistes dans la manière dont ils abordent les questions d'équité et d'inclusion. Les réseaux et la production de données probantes pouvant aider les gouvernements et la société civile à suivre les progrès sont nécessaires pour assurer la redevabilité.
- Soutenir un financement équitable
Les gouvernements et les partenaires de développement doivent fournir un financement équitable, en orientant les ressources là où les besoins sont les plus criants - un défi particulier à mesure que les pays élargissent l'accès à l'enseignement secondaire.
Des méthodologies telles que les comptes nationaux de l’éducation ont été mises au point pour déterminer qui finance le plus l’éducation, et des recherches et directives ont été élaborées sur la conception des systèmes de subventions aux écoles. Toutefois demeure un besoin urgent d’orientations et d’outils pour améliorer les mécanismes de financement ou de subventions aux écoles, et pour comprendre le coût des politiques et programmes d’équité et d’inclusion.
- Renforcer la recherche et les évaluations
Il existe de plus en plus de données probantes sur ce qui fonctionne en éducation mais, souvent cela ne tient pas compte de la façon dont les interventions affectent des enfants d’origines différentes. De plus, elles ne sont pas non plus évaluées à grande échelle pour déterminer leur rapport coût-efficacité. Comprendre l'impact des changements de programmes et de politiques sur les plus marginalisés nécessitera une innovation dans les méthodes et les outils de recherche.
Les évaluations de programme doivent prendre en compte l'impact sur différents groupes, y compris les éventuelles conséquences imprévues. La recherche doit inclure la voix des marginalisés et être en mesure de s'attaquer à des sujets sensibles tels que la stigmatisation liée au handicap ou à la violence sexiste. Elle doit également prendre en compte des considérations plus larges sur la manière d’avoir le plus grand impact sur les groupes marginalisés et les inégalités en matière d’éducation, ainsi que sur les effets d’une éducation équitable sur l’inclusion sociale à une échelle plus large.