Nous avons besoin de plus de données sur les enfants handicapés pour garantir qu’aucun ne soit laissé de côté

Un nouveau document de travail du GPE met en évidence les lacunes des données des enquêtes auprès des ménages sur les enfants handicapés, ce qui empêche leur pleine inclusion dans les systèmes éducatifs. Les auteurs formulent 4 recommandations pour mieux collecter et utiliser les données des enquêtes auprès des ménages sur le handicap.

14 septembre 2022 par Stuart Cameron, GPE Secretariat
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Lecture : 4 minutes
Mme Nguyen Thi Ngoc Anh et Dam Thi Minh Nguyet, une élève sourde âgée de 8 ans, pendant un cours de mathématiques. Viêt Nam. Octobre 2020. Crédit : Huynh Cuong / Banque mondiale
Mme Nguyen Thi Ngoc Anh et Dam Thi Minh Nguyet, une élève sourde âgée de 8 ans, pendant un cours de mathématiques. Viêt Nam. Octobre 2020.
Credit: Huynh Cuong/Banque mondiale

Dans les pays en développement, les enfants handicapés ont moins de chances d'accéder à l'éducation et d'acquérir des compétences de base que les autres.

En 2015, dans le cadre des Objectifs de développement durable, les pays se sont engagés à garantir l'égalité d'accès à l'éducation pour les personnes handicapées d'ici 2030. Quels progrès ont été réalisés depuis, par les pays partenaires du GPE en particulier ?

Malheureusement, personne ne le sait. Les statistiques fiables et cohérentes sur l'accès à l'éducation des enfants handicapés sont rares dans les pays à faible revenu.

Collecter des données sur le handicap pour mieux comprendre l'inclusion

Les enquêtes auprès des ménages et les recensements qui recueillent des données fiables et comparables sur le handicap chez les enfants, ainsi que sur leur accès à l'éducation, sont essentiels pour comprendre les inégalités d'accès entre les enfants handicapés et ceux qui ne le sont pas.

Désagréger les données de cette manière est un engagement pris par le GPE, de nombreuses autres organisations internationales et des gouvernements lors du Sommet mondial sur le handicap de 2022. Il s'agit également d'une recommandation clé des consultations autour du Sommet sur la Transformation de l'éducation pour rendre les écoles plus inclusives et équitables.

Les données de ce type sur les ménages sont un complément important aux données des écoles dans le cadre d'un système d'information sur la gestion de l'éducation inclusive (SIGE).

Un nouveau document de travail décrit dans quelle mesure ces données sont disponibles dans les pays partenaires du GPE. Par le passé, le handicap était souvent considéré à travers un prisme « médical », notamment comme étant le résultat d'une maladie ou d'une blessure ; et souvent associé à des étiquettes dégradantes ou stigmatisantes.

Aujourd'hui, les enquêtes utilisent de plus en plus deux normes de « meilleures pratiques » pour poser des questions sur le handicap, toutes deux développées par le Washington Group on Disability Statistics : le Washington Group Short Set on Functioning (WG-SS) et le Child Functioning Module (CFM, développé conjointement avec UNICEF).

Ces questions se concentrent sur les choses que les individus peuvent faire et réaliser dans leur contexte social et physique, avec et sans des formes d'assistance telles que les appareils auditifs ou les lunettes qui peuvent être à leur disposition. Cela reflète une meilleure compréhension de ce qu'est le handicap et se traduit par la collecte de données plus fiables, nuancées et pertinentes.

Réaliser davantage d'enquêtes et de recensements pour collecter des données sur le handicap

Entre 2010 et 2020, au moins 98 enquêtes ou recensements représentatifs au niveau national dans 54 pays partenaires du GPE ont collecté des données sur le handicap sous une forme ou une autre, et le nombre de pays disposant de données récentes utilisant des questions comparables et fiables n'a cessé d'augmenter.

La plupart disposent de données sur l'éducation et le handicap, mais 28 pays ne disposent toujours pas de données d'enquête ou de recensement représentatives, fiables et comparables au niveau national qui pourraient être utilisées pour fournir des statistiques ventilées par handicap sur l'accès à l'éducation.

Seule la moitié des pays partenaires disposent de statistiques de référence datant d'environ 2015, année d’adoption des ODD. De plus, rares sont ceux qui disposent de statistiques sur plus d'un an qui permettraient de suivre les progrès dans le temps.

Un nombre croissant de pays partenaires du GPE collectent des données fiables et comparables sur le handicap.
Un nombre croissant de pays partenaires du GPE collectent des données fiables et comparables sur le handicap.

4 recommandations pour progresser

Notre document de travail formule quatre recommandations pour que les partenaires du GPE produisent des statistiques ventilées par handicap, nécessaires pour que les gouvernements fassent progresser l'éducation inclusive et pour que les partenaires de développement se tiennent mutuellement responsables :

  1. Surveiller la disponibilité des données sur le handicap pour sensibiliser sur la nécessité de disposer de données plus nombreuses et de meilleure qualité. Les pays partenaires du GPE commencent à le faire dans le cadre d'une analyse plus large des facteurs favorables à la transformation du système.
  2. Plaider pour la réalisation d’enquêtes auprès des ménages et des recensements prévoyant un module sur le handicap, en particulier dans les pays qui ne disposent pas de sources nationales représentatives et comparables.
  3. Soutenir l'analyse de statistiques ventilées par handicap comparables à l'échelle mondiale. Avec le soutien du GPE, de l'UNICEF, de la Banque mondiale et d'autres partenaires, les chercheurs ont déjà utilisé les données récentes décrites dans ce document pour produire des estimations en termes d'accès et d'achèvement pour les enfants handicapés, découvrant que les écarts - en matière d'accès - entre les enfants handicapés et les autres étaient particulièrement importants (en anglais), et que la plupart des enfants handicapés non scolarisés n’étaient même jamais allés à l'école.
  4. Soutenir la mise en œuvre d'évaluations menées par des initiatives citoyennes telles que le réseau PAL et ASER Pakistan, qui collectent déjà des données sur le handicap dans certains pays et aident à demander des comptes aux gouvernements.

Depuis la levée des restrictions liées à la COVID-19, de nombreux pays ont prévu de nouvelles enquêtes avec le soutien du programme DHS ou du MICS de l'UNICEF (en anglais). Une attention accrue de la part de tous les acteurs de l'éducation sera nécessaire pour maintenir ces efforts, afin que nous puissions enfin commencer à comprendre si les systèmes éducatifs des pays à faible revenu deviennent vraiment plus inclusifs.

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