C'est le premier post d'une série en 3 parties sur les revues sectorielles conjointes.
Au cours de la dernière décennie, les revues sectorielles conjointes sont apparues comme un forum majeur pour la coordination entre les parties prenantes, la collecte de données visant l'analyse de la performance sectorielle, l'apprentissage partagé, la prise de décision, ainsi que pour dégager un consensus et des mandats d'action.
Il n’existe pas de définition unique de ce qui constitue une revue sectorielle conjointe mais, le mécanisme représente essentiellement une opportunité pour un large éventail de partenaires du secteur (dont les gouvernements, les partenaires de développement et les représentants de la société civile) de se rencontrer et d’examiner les progrès réalisés par rapport à la mise en œuvre des politiques prévues et aux objectifs clés du secteur. En tant que tel, les revues sectorielles conjointes efficaces peuvent jouer un rôle majeur et permettre une planification sectorielle souple et adaptée.
Depuis sa création, le GPE a mis l'accent sur l'élaboration de plans sectoriels de l’éducation (PSE) rationnels au niveau national. L'examen du progrès sectoriel, en particulier par le biais des revues sectorielles conjointes, a pris une place majeure pour une réforme efficace du système et pour l'évaluation de la crédibilité de l'engagement d'un pays envers l'éducation.
Le GPE étudie les revues sectorielles conjointes efficaces
Le Secrétariat du GPE a continué d'appuyer la mise en œuvre des revues sectorielles conjointes par le biais de diverses modalités, effectuant et commandant des évaluations internes et externes, afin de rassembler des données probantes sur les revues sectorielles conjointes et d’identifier les domaines à améliorer.
En s'appuyant sur ce travail, le Secrétariat a récemment entrepris de vastes recherches sur le fonctionnement des revues sectorielles conjointes, en vue d'aboutir à une définition davantage basée sur des données probantes et à une approche de mesure quant à l’efficacité des revues sectorielles conjointes. L'étude, intitulée « Des revues sectorielles conjointes efficaces comme plateformes de responsabilité (mutuelles) » (en anglais) est le premier examen complet de revues sectorielles conjointes dans l'éducation publié à ce jour (lire également les leçons clés)
Sa contribution est unique en termes de portée car, elle donne la parole à un éventail de parties prenantes dans de nombreux pays et comprend un examen systématique basé sur les variables des revues sectorielles conjointes de 39 pays ou Etats.
Notre recherche se concentre sur le rôle des revues sectorielles conjointes qui encouragent la responsabilité mutuelle, que nous définissons de manière générale comme un pacte dans lequel deux ou plusieurs parties se tiennent mutuellement responsables des engagements convenus qu'elles ont volontairement pris l'une envers l'autre.
Nous avons choisi ce prisme compte tenu du rôle central joué par la responsabilité mutuelle dans le contexte du développement. Cette responsabilité mutuelle se caractérise par la répartition des rôles et des responsabilités dans le secteur à travers un large éventail de parties prenantes.
En outre, au cours des deux dernières décennies, le contexte de l'aide internationale est passé d’un intérêt presque exclusif en matière de responsabilité financière à des partenariats plus significatifs, dans lesquels tous les partenaires sont tenus mutuellement responsables des résultats de développement.
Le plan stratégique GPE 2020 reflète ce changement et aspire à appuyer la responsabilité mutuelle par le biais d’une concertation et d’un suivi inclusifs sur les politiques.
Les parties prenantes ont différentes perspectives des revues sectorielles conjointes
Pour mieux réfléchir à la manière dont les revues sectorielles conjointes peuvent servir de plateformes de responsabilité, nous avons d'abord procédé à une évaluation de la façon dont les acteurs clés de l'éducation considèrent la responsabilité dans le contexte d'une revue sectorielle conjointe. Bien que l’on s’entende généralement sur la valeur des revues sectorielles conjointes en tant que forum pour la responsabilité, les entretiens avec différentes parties prenantes - gouvernement, partenaires de développement et représentants de la société civile - montrent que le concept, en pratique, n’est pas nécessairement compris de la même manière.
Leurs points de vue appellent à un modèle plus nuancé de la responsabilité mutuelle que ce qui est communément appliqué dans la rhétorique du développement. Dans l’étude, les parties prenantes ont largement convenu que les gouvernements étaient les premiers responsables de l'amélioration des résultats d’apprentissage ; en tant que tel, nous soutenons que la mise en œuvre du plan est définitivement du domaine du gouvernement. Les partenaires de développement sont principalement responsables de l’apport d’un appui technique financier, et les OSC sont responsables d’une fonction de remise en question constructive établie sur leur connaissance des réalités sur le terrain.
La revue sectorielle conjointe est alors un moyen qui crée un espace pour chacun de ces groupes intervenants dans le but de coordonner et d’évaluer leur efficacité en termes d'accomplissement de leurs rôles respectifs.
Bien sûr, la revue sectorielle conjointe elle-même doit être efficace si elle veut soutenir la responsabilité mutuelle ; ceci constitue la base de notre deuxième objectif de recherche.
Qu’est-ce qui rend une revue sectorielle conjointe efficace ?
Bien que la littérature indique une compréhension relativement homogène d’une revue sectorielle conjointe performante, l'expérience dans le domaine dévoile le contraire. Nous vous proposons cinq dimensions interconnectées pour une revue sectorielle conjointe efficace, utilisant un modèle qui se compose de trois caractéristiques clés, à savoir qu’une revue sectorielle conjointe devrait être (1) participative et inclusive, (2) alignée sur un cadre stratégique commun et (3) basée sur des données probantes ; ainsi que remplir la fonction (4) d’un outil de suivi et (5) d’un instrument de changement intégré dans un cycle de politique.
Nous avons procédé à un examen approfondi de la performance d'un grand échantillon de revues sectorielles conjointes dans les pays en développement partenaires du GPE en fonction de ces dimensions. Bien que l'étude identifie les défaillances opérationnelles des revues sectorielles conjointes dans le secteur de l'éducation aujourd'hui, elle souligne également des solutions souples qui renforceraient l'efficacité de la revue sectorielle conjointe et, finalement, la mise en œuvre des plans et les résultats du secteur dans un cadre de responsabilité mutuelle.
Nos recommandations portent sur trois grands domaines d’amélioration :
1. Veiller à ce que le processus de la revue sectorielle conjointe soit véritablement participatif et à ce qu’il reflète toutes les parties prenantes. Pour y parvenir, un équilibre entre « les bonnes personnes » et « le bon nombre de personnes » est nécessaire afin de faciliter des concertations de qualité sur les politiques et l'inclusion de toutes les perspectives. Il est particulièrement important d'explorer les pistes pour un engagement significatif des OSC, ainsi que pour assurer la participation d'autres ministères clés, notamment le ministère des Finances. En termes de logistique, la modération et la facilitation professionnelles, ont un rôle important à jouer dans le soutien d'un dialogue plus efficace.
2. Soutenir le développement et l'utilisation d'instruments plus solides en matière de planification et d’établissement de rapports. Étant donné le rôle majeur du PSE dans la création d'une plateforme partagée visant à la discussion, on devrait redoubler d’efforts en veillant à la cohérence entre le document de planification et ce qu’examine la revue sectorielle conjointe.
Nous plaidons également en faveur d’une application et d’une construction plus solides du rapport annuel sur la mise en œuvre, en particulier compte tenu du rôle central des procédures des revues sectorielles conjointes. Pour les partenaires techniques, il existe de nombreuses possibilités pour s'engager dans le renforcement des capacités relatif au développement d’une base de données probantes des revues sectorielles conjointes, en particulier en ce qui concerne les rapports financiers.
3. Utiliser la revue sectorielle conjointe comme un outil pour une planification sectorielle plus adaptée. Cette étude considère qu’une revue sectorielle conjointe efficace doit fournir une plateforme pour faciliter une planification flexible et adaptable.
En exploitant pleinement son potentiel à la fois comme un outil de diagnostic multipartite rétrospectif et prospectif, la revue sectorielle conjointe peut servir de forum intérimaire précieux permettant des mesures correctives en temps opportun ainsi qu’une réorientation du plan sectoriel.
En particulier, on devrait considérer la fonction de suivi comme plus qu'une simple « comptabilité de l'éducation » ou un examen de la mise en œuvre sectorielle, et on devrait également y intégrer une fonction d'apprentissage. On devrait accorder une attention accrue au développement de mécanismes de suivi adaptables en vue de systématiquement réviser les recommandations précédentes des revues sectorielles conjointes, et une attention particulière devrait être portée à l’alignement des procédures des revues sectorielles conjointes sur le calendrier des cycles de planification et de budgétisation des ministères du secteur.
Pour aller de l’avant, le Secrétariat du GPE travaille à la publication d'un ensemble commun de lignes directrices pour la réalisation de revues sectorielles conjointes efficaces, basées sur les recommandations de l’ensemble du partenariat et enrichies par l'effort de recherche décrit dans le document de travail.