L'Assemblée générale des Nations Unies s'est réunie le mois dernier pour réaliser un bilan à mi-parcours des objectifs de développement durable (ODD) et a appelé à une action urgente pour accélerer les progrès pour atteindre ces objectifs d'ici 2030.
Ni l'ODD 4 (l’éducation pour tous) ni l'ODD 5 (l’égalité des genres) ne sont en passe d'être atteints. Sans mesures supplémentaires, environ 300 millions d'élèves n'auront pas les compétences de base en lecture, écriture et calcul nécessaires pour réussir leur vie.
Les contextes d'enseignement et d'apprentissage sont importants pour permettre aux filles et aux garçons d'avoir les mêmes chances de réussir grâce à l'école ou aux environnements d'apprentissage non formels.
Au-delà de la question de la scolarisation, il existe de nombreuses possibilités de promouvoir l'égalité des genres dans les écoles, ainsi que dans les pratiques d'enseignement et d'apprentissage. Le GPE adopte cette approche pour veiller à ce que les principes d'égalité des genres soient intégrés dans l'accès aux systèmes éducatifs, au sein de ces systèmes et transmis à travers eux, afin de les transformer (voir notre document récemment publié).
De plus en plus d'études démontrent le rôle essentiel que jouent les enseignants et les chefs d'établissement dans la création d'environnements d'apprentissage inclusifs, ainsi que l'importance d'un corps enseignant diversifié pour permettre à la prochaine génération de dépasser les stéréotypes de genre et les normes discriminatoires, à la fois en classe et dans les communautés.
Nous décrivons ici trois actions fondées sur des données probantes qui sont essentielles au rôle que les enseignants peuvent jouer pour atteindre l'égalité des genres dans le domaine de l'éducation :
- Augmenter le nombre de femmes enseignantes ;
- Intégrer la notion de genre dans la pédagogie ;
- Former les enseignants à la prévention et à la lutte contre la violence basée sur le genre en milieu scolaire.
Augmenter le nombre d’enseignantes
Les normes de genre ont un impact significatif sur la répartition des enseignants et des chefs d'établissement au sein du personnel éducatif.
Dans de nombreux contextes, il existe des disparités importantes entre le nombre d'enseignants et d’enseignantes, même à l'école primaire, ce qui s'explique en partie par le fait qu'historiquement, les filles ont toujours eu moins de possibilités éducatives.
Dans d'autres contextes, cet écart se manifeste par un nombre plus faible d'enseignantes dans les établissements d’enseignement secondaire et de femmes occupant des postes de direction dans les écoles.
Dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, par exemple, les enseignantes restent sous-représentées en raison des obstacles à l'emploi, à la rétention et à la promotion. Au Bénin et en Côte d’Ivoire, les femmes ne représentent respectivement que 12 % et 15 % des enseignants du secondaire.
De plus, les enseignantes hésitent souvent à travailler dans les zones rurales en raison de la précarité des logements, du manque d'installations sanitaires et de l'insécurité qui règne dans les foyers et les écoles.
Néanmoins, tout porte à croire que les enseignantes expérimentées et les directrices d'école peuvent améliorer la qualité de l'éducation à travers des rôles d'encadrement et d'enseignement direct :
- Les femmes cheffes d'établissements scolaires excellent dans le suivi et l'amélioration de l'assiduité des enseignants et dans la création de conditions de travail agréables (UNICEF, 2022) ;
- Les directrices d'écoles favorisent la création d'environnements d'apprentissage qui impliquent activement les élèves, en encourageant les enseignants à vérifier le travail des élèves, à donner des devoirs et à poursuivre le travail jusqu'à ce que tous les élèves acquièrent le niveau requis (UNICEF, 2019) ;
- La présence de modèles féminins à l'école renforce la confiance des filles en leurs capacités (UNGEI, 2016), et cette confiance peut accroître leur intérêt pour des domaines tels que les mathématiques et les sciences, où les stéréotypes à leur propos sont très répandus (CGDEV, 2019) ;
- Des études menées en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale indiquent que les écoles dirigées par des femmes sont plus susceptibles d'inciter les parents à encourager leurs enfants à être assidus, à obtenir de bons résultats scolaires et à bien se comporter (UNICEF, 2022).