Bambang Susantono est le Vice-président de la Banque asiatique de développement (BAsD) en charge de la gestion des connaissances et du développement durable.
1. L’empreinte de la BAsD en termes de soutien à l’éducation dans les pays d’Asie et du Pacifique est très forte. À quel point le soutien financier continu de la BAsD au secteur de l’éducation dans les pays en développement est-il important ?
La Banque asiatique de développement (BAsD) collabore depuis longtemps avec les pays en développement d'Asie et du Pacifique pour améliorer l'accès, la qualité et la pertinence de l'éducation. Au cours des 5 dernières décennies, la BAsD a accordé plus de 15 milliards de dollars sous forme de prêts et financements à ses membres.
Malgré des progrès impressionnants enregistrés dans ces pays en termes de scolarisation et d’améliorations de la parité entre les sexes, de plus en plus de preuves empiriques indiquent des lacunes dans les résultats d'apprentissage des élèves. Nous devons faire plus pour élargir la base d'apprenants atteignant le niveau de l'enseignement postsecondaire, y compris les filles et les enfants défavorisés.
La BAsD est bien consciente que la plupart des pays de la région ayant atteint le statut de pays à revenu intermédiaire, leurs économies reposent sur la connaissance et une croissance tirée par l'innovation. Investir dans le développement du capital humain en assurant des bases solides d’une l'éducation universelle de la maternelle à la 12e année de scolarité est essentiel au développement durable et à une croissance inclusive.
2. La stratégie 2030 de la BAsD intègre l’éducation comme priorité opérationnelle N°1, ainsi que la santé et la protection sociale. Dans les conditions actuelles, la santé ne retiendrait-elle pas plus d'attention que l'éducation ?
La stratégie 2030 est centrée sur la collaboration intersectorielle. L'éducation, la santé et la protection sociale ont été regroupées sous une seule et même priorité opérationnelle, afin d’amplifier leur impact sur le développement par un renforcement des synergies entre ces différents secteurs. Nous mettons en œuvre des initiatives incluant le développement des compétences pour la prise en charge des personnes âgées en République populaire de Chine et pour le personnel de santé au Viet Nam.
Nous soutenons une université de premier plan en Indonésie pour qu’elle devienne un centre d'excellence en tant qu'hôpital universitaire. Les compétences pour l'économie des soins, qui ont jusqu'à présent été essentiellement familiales et informelles, gagneront en popularité.
Pour renforcer le rôle de l'éducation en tant qu’élément essentiel pour doter les individus de compétences et son importance pour tous les secteurs d’activités, nous testons également le concept de renforcement des compétences en Mongolie pour associer formation et projets d'infrastructure.
3. La BAsD a récemment publié une note sur la COVID-19 et l’éducation en Asie et dans le Pacifique. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il est question ?
La note présente une feuille de route pour la reprise dans le secteur de l'éducation après les perturbations massives causées par la COVID-19. Elle propose à la fois des mesures à mettre en œuvre dans l’immédiat et des opportunités à saisir pour une refonte des systèmes éducatifs sur le long terme.
Elle appelle à des réformes politiques essentielles (telles que la refonte du développement professionnel des enseignants) et à des actions concrètes pour améliorer la qualité, la pertinence et l'inclusion dans les systèmes éducatifs.
Présentée sur la base du principe des trois R - Réponse, Remise sur pied et Rajeunissement -, la note plaide en faveur de l'utilisation de technologies avancées pour améliorer l’offre en matière d'éducation et aider les apprenants à évoluer dans leur carrière. Les technologies d'apprentissage adaptatif de nouvelle génération ont le potentiel d'améliorer les résultats d'apprentissage et l'équité en matière d'éducation.