2. La pandémie de COVID-19 continue d'accroître la pression sur les budgets nationaux, en particulier dans les pays d’Afrique. Dans ce contexte, pourquoi le financement de l'éducation devrait-il rester une priorité et quelle est l'importance du prochain Sommet mondial sur l'éducation organisé par le GPE à ce sujet ?
Hamzat : Les gouvernements des pays d'Afrique se concentrent sur la mise en œuvre de plans de relance économique post-pandémie, mais le financement de l'éducation devrait également être une priorité. Le plus grand risque pour la reprise économique est le manque de croissance et, une croissance durable est impossible sans investissement dans l'éducation.
Les dépenses de santé et d'éducation sont essentielles pour parvenir à une reprise économique post-pandémie qui garantisse également une certaine résilience. Il est maintenant temps de donner la priorité et d'augmenter le financement de l'éducation pour garantir aux enfants des zones à faible revenu l’accès aux ressources d'apprentissage de base. C'est pourquoi le prochain Sommet mondial sur l'éducation du GPE est de la plus haute importance pour le financement de l'éducation.
Vivian : Il est impératif que les gouvernements donnent la priorité à l'éducation et augmentent son financement. Sinon, ils mettront en péril l'avenir de leurs nations. Seule une nation instruite peut être bien préparée pour lutter contre les futures pandémies, éradiquer la pauvreté et lutter contre le changement climatique.
L'accès à l'éducation pour tous est une condition préalable à la réalisation des autres objectifs de développement. Le Sommet mondial sur l'éducation du GPE est important pour rallier les dirigeants et les autres acteurs de l'éducation, afin de donner la priorité au financement de l'éducation, et c'est une excellente occasion de lancer un appel à l'action à tous les dirigeants pour ne laisser aucun enfant de côté.
3. Hamzat, d'après votre expérience, quel rôle peuvent jouer les citoyens, en particulier les jeunes, pour s'assurer que le financement de l'éducation est alloué et dépensé de manière efficiente et équitable ?
Mon expérience dans la mise en œuvre de campagnes d'éducation ces dix dernières années a prouvé que les jeunes jouent un rôle central dans la recherche d'un financement accru de l'éducation et influencent également les politiques et la planification de l'éducation. Ces rôles incluent un engagement continu du gouvernement, de la phase de budgétisation à celle de la mise en œuvre.
En effet, les campagnes anti-corruption et la supervision des projets sont encore plus critiques dans les sociétés où les ressources pour la mise en œuvre des politiques et des projets éducatifs peuvent facilement être détournées par des particuliers et utilisées à des fins personnelles. Les jeunes peuvent plaider en faveur du changement et conduire la mise en œuvre d'un gouvernement guidé par un leadership transformationnel axé sur les personnes et sur l’offre de services.
4. Vivian, en tant que défenseuse active du pouvoir transformateur de l'éducation, en particulier pour les filles, que perdrons-nous si l'éducation des filles n'est pas délibérément incluse et priorisée dans les programmes de riposte des gouvernements à la pandémie de COVID-19 ?
Près de 20 millions de jeunes filles ne pourront pas retourner à l'école en raison de grossesses et de mariages précoces, de travaux forcés et du fait qu’elles doivent s'occuper de leur famille. Cela me brise le cœur parce que je sais que sans éducation, ces jeunes filles continueront à languir dans la pauvreté et auront un accès très limité à des opportunités, voire carrément pas.
Investir dans les filles a un impact non seulement sur leurs vies, mais aussi sur l’avenir des communautés dont elles sont issues. Si nous ne donnons pas la priorité à l'éducation des filles, nous risquons de faire reculer les progrès réalisés en faveur du droit des filles à accéder à une éducation de qualité et sûre. J'exhorte les gouvernements et les acteurs internationaux de l'éducation à faire de l'éducation des filles une priorité, et que suffisamment de ressources financières soient promises pour en faire une réalité.
5. Quels souvenirs gardez-vous de vos années passées à l'école ? Y a-t-il eu des moments ou des enseignants qui vous ont particulièrement marqué ?
Vivian : Un moment a vraiment eu un impact positif sur ma vie. J'ai une voix grave et à la maternelle, les enfants se moquaient de moi. Alors, j'ai arrêté de répondre aux questions ou de lire à voix haute. Une enseignante l'a remarqué et elle m'a dit que je devais être fière de ma voix car elle est forte et puissante. Cela a renforcé ma confiance en moi et j'ai recommencé à participer activement aux cours. Depuis lors, je n'ai plus jamais été dérangée par ce que les autres enfants disaient à propos de ma voix.
Ces mots d'encouragement sont restés gravés en moi et m’ont accompagné dans mon parcours scolaire tout au long duquel les enfants ont continué à se moquer de ma voix. Quand je regarde en arrière et observe tout le travail que j'ai accompli jusqu’ici, je réalise qu'en effet ma voix est un élément de mon pouvoir.
Hamzat : J'ai particulièrement apprécié les sciences sociales dès le début de mes études dans le secondaire, ce qui m'a amené à m'intéresser au fonctionnement des gouvernements. Mes professeurs de sciences sociales m'ont aidé à façonner ma réflexion et mon engagement à réclamer la justice et un monde meilleur.
Depuis lors, j'ai été impliqué dans des activités de plaidoyer et d'activisme, des scouts à la conduite de débats et de dialogues pro-gouvernance dès mon plus jeune âge, et aujourd’hui en tant qu'activiste de la responsabilité sociale. Mon parcours scolaire a été un voyage intéressant.
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