Au Sommet mondial sur l'éducation cette année, les pays partenaires du GPE et la communauté internationale se sont engagés à investir dans l'accès des filles à l'éducation.
Le monde étant toujours aux prises avec les effets de la pandémie de COVID-19 en dépit des engagements pris, les gouvernements, les bailleurs de fonds et la communauté internationale devront choisir les programmes à financer pour assurer une reprise meilleure et favorable à l’éducation des filles.
Des éléments concrets et précis issus d'évaluations randomisées peuvent maximiser l'impact du financement des bailleurs de fonds.
Pourquoi s'intéresser aux données probantes ?
Les données probantes sur des approches efficaces menées à travers le monde peuvent fournir des idées d'interventions prometteuses dans lesquelles investir.
De manière plus spécifique, les essais contrôlés randomisés peuvent nous révéler quels programmes ont réussi à augmenter la scolarisation des filles et lesquels n'ont pas, avec des résultats souvent surprenants.
Les évaluations d'impact ont montré que dans certains contextes, par exemple, augmenter les dépenses pour les manuels scolaires et les ordinateurs n'a pas augmenté les taux de scolarisation.
Les analyses coût-efficacité peuvent également faire la lumière sur les interventions qui ont donné de bons résultats lorsqu'elles ont été mises en œuvre dans le bon contexte. Certains des programmes de scolarisation les plus rentables testés à ce jour portent sur des problèmes de santé infantile, tels que les vers intestinaux et l'anémie chronique.
Les données probantes issues d’évaluations d'impact global, combinées aux connaissances contextuelles, peuvent également soutenir la conception des interventions afin de maximiser leur impact.
Après avoir recensé les interventions qui fonctionnent, nous pouvons associer les évaluations aux données contextuelles locales pour comprendre si ces interventions peuvent être reproduites dans le contexte local et de quelle manière.J-PAL Africa, par exemple, travaille actuellement au Nigéria à la conception d'un programme d’acquisition de compétences nécessaires dans la vie courante fondé sur des données probantes, en collaboration avec la Banque mondiale, le ministère fédéral de l'Éducation et de la Santé, le ministère de l'Éducation de l'État de Katsina et le Gender Innovation Lab.
Nous utilisons des données issues d'essais contrôlés randomisés menés sur 36 interventions en matière de compétences nécessaires à la vie courante pour concevoir un programme fondé sur des enseignements tirés à l’échelle mondiale.
Améliorer l’éducation des filles : que nous apprennent les données probantes ?
Les bailleurs de fonds et les gouvernements devraient garder à l'esprit trois leçons clés lorsqu'ils réfléchissent aux interventions dans lesquelles investir pour maintenir les filles à l'école.
1. Les interventions qui réduisent les coûts de l'éducation sont particulièrement efficaces pour augmenter la scolarisation des filles.
Si la plupart des pays ont supprimé les frais de scolarité dans les écoles primaires publiques, l’enseignement secondaire reste toujours payant dans la plupart des cas. Même lorsqu'il n'y a pas de frais de scolarité à proprement parler, les parents doivent souvent payer les uniformes, les manuels et les fournitures scolaires.
Les interventions qui suppriment les coûts, même minimes, liés à la scolarisation peuvent être très efficaces pour augmenter les effectifs et améliorer l’assiduité des élèves.
Au Kenya, les uniformes scolaires coûtent environ 6 dollars chacun, ce qui équivaut à 1,6 % du revenu annuel moyen des ménages locaux. Bien que les uniformes ne soient pas officiellement obligatoires, les élèves subissent une forte pression sociale pour les porter à l'école.
Les filles de sixième année ayant bénéficié d’uniformes gratuits pendant deux ans étaient 16,5 % moins susceptibles d'abandonner leurs études après trois ans comparé à leurs camarades qui n'en avaient pas bénéficié.
L'augmentation de l'offre d'écoles dans les zones où la disponibilité est limitée s’avère particulièrement efficace pour les filles. La mise en place d'écoles communautaires dans des zones reculées d'Afghanistan a permis de réduire le temps de trajet entre l'école et le domicile, augmentant ainsi le nombre d’enfants scolarisés dans les écoles formelles.
Le taux de scolarisation des filles en particulier a augmenté par rapport à celui des garçons et l'écart de scolarisation entre les filles et les garçons est passé de 21 % à 4 %.
Le programme a également permis d'obtenir 2,61 années de scolarité supplémentaires par tranche de 100 dollars dépensés.