- Un quart de milliard d'enfants dans le monde n'ont jamais été scolarisés.
- 13 millions de filles pourraient être contraintes à un mariage précoce alors que leurs parents sont aux prises avec les conséquences économiques de la COVID-19.
- Après la pandémie, 70 % des enfants de 10 ans quittent l'école incapables de lire et de comprendre un texte simple.
Permettez-moi de mettre des visages sur ces chiffres : Au Libéria, Denise, 17 ans, a dû abandonner après la 8e année lorsqu'elle est tombée enceinte pendant la période où les écoles étaient fermées à cause de l'épidémie d'Ebola. Au Nigéria, Abdull, 15 ans, a fui la violence et a été séparé de sa famille. Il vend des plantes toute la journée pour gagner sa vie. Au Bangladesh, Miya (nom modifié), une réfugiée rohingya du Myanmar, fréquente un centre d'apprentissage où elle acquiert les compétences de base, mais ses perspectives d'emploi et d'avenir sont minces.
La pandémie de COVID-19 a aggravé la crise de l'apprentissage qui existait déjà avant. Cela signifie que des millions d'enfants n'apprenaient déjà pas les bases et que certains n’allaient jamais retourner à l'école. Elle a dévasté les économies et, à l’heure où les pays continuent de faire face aux effets de la pandémie, les impacts négatifs du changement climatique, des conflits et du ralentissement économique font qu'il est plus difficile pour eux de maintenir l'éducation en tête de leurs agendas.
Mais, déprioriser l'éducation est une énorme erreur. Les pertes d'apprentissage enregistrées aujourd'hui augmenteront les risques auxquels nous sommes confrontés pour les générations à venir. L'inverse est également vrai : une éducation de qualité a un effet d'entraînement positif sur tous les autres secteurs du développement, de la santé à la réduction de la pauvreté.
C'est pourquoi, lorsque nous nous réunirons pour le Sommet sur la Transformation de l'éducation convoqué par António Guterres, je soulignerai trois priorités sur lesquelles les dirigeants du monde doivent se concentrer de toute urgence :
1. Nous devons aider les pays à changer d’approches pour véritablement transformer l'éducation
Dans les pays à faible revenu, l'éducation a atteint un point de basculement. Si nous n'agissons pas maintenant, 825 millions d'enfants ne pourront acquérir les compétences dont ils ont besoin pour saisir les opportunités - et relever les grands défis - du 21e siècle.
Lors du pré-sommet de Paris, les ministres de l'éducation représentant plus de 80 pays se sont engagés à agir pour faire face à la crise de l'enseignement et de l'apprentissage. À New York, les leaders politiques doivent prendre des engagements nationaux audacieux qui conduiront à une transformation à l'échelle du système.
Et la communauté internationale doit renforcer son soutien pour traduire ces engagements en actes. Pour le GPE, cela signifie une approche affinée pour aider les pays à identifier et débloquer les obstacles critiques au bon fonctionnement de leurs systèmes éducatifs et aligner les partenaires sur les réformes prioritaires, leur permettant d'obtenir des résultats à grande échelle.
2. Nous devons veiller à ce que chaque enfant, quel que soit son genre, reçoive une éducation de qualité dans un espace sûr
De nombreux pays ont atteint la parité entre les sexes dans l'éducation, en particulier au niveau du primaire. Mais, cela ne tient pas compte des énormes différences entre les pays et les régions, ni du fait que les filles des communautés les plus pauvres sont confrontées à de nombreux autres obstacles pour terminer leurs études.
Ces obstacles peuvent être évidents (comme l'interdiction de l'éducation des filles en Afghanistan depuis l'année dernière) ou plus insidieux (à l’instar des normes culturelles et des préjugés qui empêchent les filles de réaliser leurs rêves, en particulier lorsqu'elles atteignent l'adolescence).
En outre, on estime que 246 millions d'enfants sont victimes de violence à l'intérieur et autour des écoles ; les normes de genre néfastes sont à l'origine d'une grande partie de cette violence, qui affecte les garçons et les filles de différentes manières.
Transformer l'éducation pour que l'égalité des genres soit atteinte dans et par l'éducation va au-delà de la salle de classe : les pays doivent faire preuve de leadership en incluant l'égalité dans leurs données, leurs politiques, leurs financements et campagnes pour lutter clairement contre les causes de l'inégalité, et intégrer l'égalité des genres dans tout ce qu'ils font.