3 actions clés pour faire de l'éducation une réalité pour des millions d'enfants

En prélude au Sommet sur la Transformation de l'éducation convoqué par le Secrétaire général des Nations Unies le 19 septembre, le Directeur général par intérim du GPE présente 3 actions prioritaires à mettre en œuvre par les leaders mondiaux pour apporter un changement transformationnel aux systèmes éducatifs et assurer à des millions d'enfants l'accès à l'apprentissage.

13 septembre 2022 par Charles North, GPE Secretariat
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Peace Mulbah, 5 ans, est élève à l’école ABC de Billy Town, une école construite grâce au soutien du GPE à Brewerville, dans le comté de Montserrado au Libéria. Crédit : GPE/ Kelley Lynch
Peace Mulbah, 5 ans, est élève à l’école ABC de Billy Town, une école construite grâce au soutien du GPE à Brewerville, dans le comté de Montserrado au Libéria.
Credit: GPE/ Kelley Lynch
  • Un quart de milliard d'enfants dans le monde n'ont jamais été scolarisés.
  • 13 millions de filles pourraient être contraintes à un mariage précoce alors que leurs parents sont aux prises avec les conséquences économiques de la COVID-19.
  • Après la pandémie, 70 % des enfants de 10 ans quittent l'école incapables de lire et de comprendre un texte simple.

Permettez-moi de mettre des visages sur ces chiffres : Au Libéria, Denise, 17 ans, a dû abandonner après la 8e année lorsqu'elle est tombée enceinte pendant la période où les écoles étaient fermées à cause de l'épidémie d'Ebola. Au Nigéria, Abdull, 15 ans, a fui la violence et a été séparé de sa famille. Il vend des plantes toute la journée pour gagner sa vie. Au Bangladesh, Miya (nom modifié), une réfugiée rohingya du Myanmar, fréquente un centre d'apprentissage où elle acquiert les compétences de base, mais ses perspectives d'emploi et d'avenir sont minces.

La pandémie de COVID-19 a aggravé la crise de l'apprentissage qui existait déjà avant. Cela signifie que des millions d'enfants n'apprenaient déjà pas les bases et que certains n’allaient jamais retourner à l'école. Elle a dévasté les économies et, à l’heure où les pays continuent de faire face aux effets de la pandémie, les impacts négatifs du changement climatique, des conflits et du ralentissement économique font qu'il est plus difficile pour eux de maintenir l'éducation en tête de leurs agendas.

Mais, déprioriser l'éducation est une énorme erreur. Les pertes d'apprentissage enregistrées aujourd'hui augmenteront les risques auxquels nous sommes confrontés pour les générations à venir. L'inverse est également vrai : une éducation de qualité a un effet d'entraînement positif sur tous les autres secteurs du développement, de la santé à la réduction de la pauvreté.

C'est pourquoi, lorsque nous nous réunirons pour le Sommet sur la Transformation de l'éducation convoqué par António Guterres, je soulignerai trois priorités sur lesquelles les dirigeants du monde doivent se concentrer de toute urgence :

1. Nous devons aider les pays à changer d’approches pour véritablement transformer l'éducation

Dans les pays à faible revenu, l'éducation a atteint un point de basculement. Si nous n'agissons pas maintenant, 825 millions d'enfants ne pourront acquérir les compétences dont ils ont besoin pour saisir les opportunités - et relever les grands défis - du 21e siècle.

Lors du pré-sommet de Paris, les ministres de l'éducation représentant plus de 80 pays se sont engagés à agir pour faire face à la crise de l'enseignement et de l'apprentissage. À New York, les leaders politiques doivent prendre des engagements nationaux audacieux qui conduiront à une transformation à l'échelle du système.

Et la communauté internationale doit renforcer son soutien pour traduire ces engagements en actes. Pour le GPE, cela signifie une approche affinée pour aider les pays à identifier et débloquer les obstacles critiques au bon fonctionnement de leurs systèmes éducatifs et aligner les partenaires sur les réformes prioritaires, leur permettant d'obtenir des résultats à grande échelle.

2. Nous devons veiller à ce que chaque enfant, quel que soit son genre, reçoive une éducation de qualité dans un espace sûr

De nombreux pays ont atteint la parité entre les sexes dans l'éducation, en particulier au niveau du primaire. Mais, cela ne tient pas compte des énormes différences entre les pays et les régions, ni du fait que les filles des communautés les plus pauvres sont confrontées à de nombreux autres obstacles pour terminer leurs études.

Ces obstacles peuvent être évidents (comme l'interdiction de l'éducation des filles en Afghanistan depuis l'année dernière) ou plus insidieux (à l’instar des normes culturelles et des préjugés qui empêchent les filles de réaliser leurs rêves, en particulier lorsqu'elles atteignent l'adolescence).

En outre, on estime que 246 millions d'enfants sont victimes de violence à l'intérieur et autour des écoles ; les normes de genre néfastes sont à l'origine d'une grande partie de cette violence, qui affecte les garçons et les filles de différentes manières.

Transformer l'éducation pour que l'égalité des genres soit atteinte dans et par l'éducation va au-delà de la salle de classe : les pays doivent faire preuve de leadership en incluant l'égalité dans leurs données, leurs politiques, leurs financements et campagnes pour lutter clairement contre les causes de l'inégalité, et intégrer l'égalité des genres dans tout ce qu'ils font.

Une élève écrivant au tableau à l'école primaire publique d'Azimpur à Dhaka, au Bangladesh. Septembre 2019. Crédit : GPE/Chantal Rigaud
Une élève écrivant au tableau à l'école primaire publique d'Azimpur à Dhaka, au Bangladesh. Septembre 2019.
Credit:
GPE/Chantal Rigaud

3. Les pays et les donateurs doivent investir plus et mieux dans l'éducation

La transformation n'est possible que si nous redynamisons l'éducation comme investissement prioritaire. La pandémie a entraîné des coupes dans le financement de l'éducation : 41 % des pays à faible revenu (en anglais) ont réduit leurs dépenses d'éducation depuis le début de la pandémie. Et la part de l'éducation dans l'aide extérieure totale est passée de 11,7 % en 2010 à 9,7 % en 2020.

Malgré les pressions budgétaires, la réduction du financement de l'éducation est une mesure à court terme, qui met en péril non seulement l'apprentissage pour des millions d'enfants aujourd'hui, mais aussi la durabilité du monde de demain.

La plupart des investissements dans l'éducation doivent provenir des gouvernements nationaux.

Depuis le Sommet mondial sur l'éducation l'année dernière, 20 dirigeants politiques ont signé l'appel à l'action des chefs d'État sur le financement de l'éducation, s'engageant à consacrer au moins 20 % des budgets nationaux à l'éducation. J'espère que d'autres suivront leur exemple.

Les pays donateurs doivent également intensifier leurs efforts pour protéger les budgets dédiés à l’aide et y allouer au moins 15 % à l'éducation.

L'ampleur du défi signifie que le statu quo ne suffira pas. Nous devons faire preuve d'audace et intensifier les approches innovantes et de nouveaux partenariats pour mobiliser davantage de ressources, en nous appuyant sur des mécanismes efficaces tels que le fonds à effet multiplicateur du GPE qui, depuis 2018, a permis déjà à 39 pays de mobiliser 2 milliards de dollars supplémentaires auprès d'un large éventail de partenaires. La communauté internationale doit également prendre des mesures pour permettre une plus grande marge de manœuvre budgétaire aux investissements dans l'éducation, notamment par le biais d'initiatives de réduction de la dette.

On peut aussi mieux investir. Les gouvernements peuvent prendre des mesures pour réduire les inefficacités, par exemple en améliorant les systèmes de paie et les pratiques d'approvisionnement.

De nouveaux partenaires des milieux d'affaires et philanthropiques peuvent jouer un rôle clé en apportant de nouvelles perspectives, solutions et capacités à des problèmes bien ancrés. L'impact de ces actions pourrait permettre de débloquer 16 milliards de dollars en faveur de l'éducation dans les pays partenaires du GPE d'ici 2030.

Enfin, le financement doit atteindre les enfants les plus marginalisés. Pour les gouvernements, cela signifie cibler les fonds sur les enfants qui ont le plus besoin de soutien, ceux qui sont généralement exclus, comme les filles, les réfugiés ou les enfants handicapés. Pour les donateurs, cela signifie canaliser les fonds vers les pays ayant le plus grand nombre d'enfants non scolarisés et les résultats d'apprentissage les plus faibles.

Un Sommet pour l'avenir

Transformer l'éducation n'est pas seulement possible, mais essentiel. Notre monde a besoin d'une jeune génération qualifiée (les prochains enseignants, ingénieurs, penseurs, agriculteurs, médecins, entrepreneurs, etc.) dotée des connaissances et des compétences nécessaires pour renforcer les efforts d’atténuation des effets du changement climatique, construire des économies vertes et guérir les maladies du futur.

Nous devons écouter la voix des jeunes qui nous disent ce dont ils ont besoin pour apprendre et saisir ces opportunités et toutes les autres dont ils peuvent rêver.

Le GPE exprime sa reconnaissance au Secrétaire général des Nations Unies pour avoir attiré l'attention de la communauté internationale sur l'importance de l’éducation. Alors que nous préparons le Sommet de l'avenir l'année prochaine, nous nous félicitons de son leadership dans les stratégies de maintien de cet élan.

Nous sommes prêts à aider les pays partenaires à apporter les changements audacieux nécessaires pour permettre une éducation de qualité pour chaque enfant, partout dans le monde.

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Pour en savoir plus :

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Very relevant issues rising, I hope they are adressed accordingly. And more than ever governments should be the biggest funders of education in their respective countries and not wait for foreign aid. Governments should follow resolutions from the Paris agreement to allocate 15-20% of the countries annual national budget for education.

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