Que signifie la citoyenneté mondiale pour les jeunes?
Rencontre avec des jeunes au Sénégal pour discuter de leurs désirs pour le monde de l’après-2015
10 juin 2015 par Tamika Abaka-Wood, Ben&Andrew
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Lecture : 6 minutes
(c) Tamika Abaka-Wood

L’Éducation à la citoyenneté mondiale (ECM) est actuellement sous les projecteurs tandis que s’élabore le programme pour l’éducation de l’après-2015. Il est de plus en plus évident que l’éducation doit évoluer pour s’adapter aux élèves du 21e siècle. Cette génération de jeunes hérite d’énormes difficultés au niveau mondial, nécessitant des solutions tirées de compétences pratiques, d’une réflexion innovante et de compréhension et respect mutuel entre toutes les cultures. 

Mon travail est de rencontrer les jeunes dans le monde entier afin de faire entendre leur voix dans le dialogue international sur l’ECM dans le cadre d’un projet porté par le Groupe de défense des jeunes de l’Initiative pour l’éducation avant tout (IEAT) du Secrétaire-général de l’ONU. La première de ces rencontres a eu lieu en mars 2015 à Dakar, au Sénégal. 

GEFI Youth Advocacy Group participants in Dakar, Senegal (c) Tamika Abaka-Wood

Pour préparer ce voyage, j’ai discuté à Londres avec un groupe d’adolescents que les décideurs politiques considèreraient comme « difficiles d’accès », c’est-à-dire en marge de la société. Si l’expression « éducation à la citoyenneté mondiale » est source de longs débats animés parmi les professionnels de l’éducation, ces jeunes londoniens se sont montrés impassibles quand je leur ai demandé leur avis sur l'éducation dans le monde.  

D’après mes constatations, c’est d’abord parce que les jeunes ne sont pas habitués à ce qu’on leur demande leur avis sur l’avenir de leur éducation. Ensuite, soyons francs, si « l’éducation à la citoyenneté mondiale » me semble une expression plutôt rébarbative à 25 ans, comment sera-t-elle perçue par un jeune adolescent ? Pour cette raison, dès le début de nos recherches, nous avons pris la décision assumée de ne pas mentionner explicitement l’« éducation à la citoyenneté mondiale » au cours de nos rencontres à Dakar. 

Ces indications m’ont permis d’adopter une approche ethnographique dans mes discussions avec les jeunes de Dakar, en dehors de conversation ou contexte artificiels. J’ai parlé aux jeunes sénégalais sur leur terrain, avec leurs mots et en les laissant me montrer leur monde. Je me suis retrouvée en pleine conversation passionnante sur la musique, l’engagement dans la communauté et les valeurs, avec deux jeunes gens de 17 ans qui avaient fait de la prison et des jeunes adolescentes de l’Académie de musique urbaine pour les jeunes (Youth Urban Music Academy) où elles suivent des cours de réintégration ou viennent simplement discuter et passer du temps avec d’autres adolescents.  

Pour impliquer véritablement les jeunes dans le changement, il faut s’immerger dans leur monde, et non se contenter d'observer en restant de côté. 

Comprendre comment vivent les jeunes, quel est leur état d’esprit, leurs motivations, passions, besoins et comportements, ce que j'appelle la « culture des jeunes ». Un groupe de rappeurs et de journalistes basé à Dakar baptisé « Y’en a marre » utilise cette culture des jeunes pour chercher à les émanciper et à leur donner l'autonomie nécessaire qui leur permettra de faire évoluer les choses au sein de leur communauté – ce mouvement s’appelle le « Yenamarrisme ». 

La philosophie centrale du Yenamarrisme est que le changement viendra lorsque chaque Sénégalais comprendra que les problèmes qu'il observe dans le pays sont les siens. Ses adeptes favorisent activement la citoyenneté et encouragent les jeunes à agir.  

Une jeune fille de 15 ans m’a expliqué que, quelques semaines auparavant, ses amis et elle avaient participé à un concours intitulé « il est propre, il est à moi » où différents quartiers de Dakar se mesurent dans leurs actions civiques.  Voici ce qu’elle a dit : 

« C’est chez nous, c’est là qu’on vit, pourquoi attendre que d'autres le fassent ? On s'est juste assurés que chacun viendrait et participerait au nettoyage. On a mis de la musique et on a rendu ça amusant. » 

Ces jeunes leaders ont su se faire remarquer par Washington : le Président Barack Obama a rencontré les fondateurs de « Y’en a marre » lors de sa visite au Sénégal en 2013 et a parlé d’eux dans son discours à l’Université du Cap (cf. 29 minutes et 40 secondes). L’ambassade américaine au Sénégal a également travaillé à leurs côtés dans le cadre de programmes d’engagement civique et de supervision des élections. « Y’en a marre » s’est engagé avec succès et a rallié de jeunes citoyens sénégalais pour participer aux élections présidentielles de 2012 grâce à leur talent musical. À la suite de ces élections, Abdoulaye Wade a passé le pouvoir à Macky Sall. 

Il est clair que lorsque les jeunes sont engagés dans des programmes qui leur parlent, ils constituent une force collective de changement très puissante.

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I thin the phrase "think globally, act locally" is probably most appropriate here. In order to be able to think on a global scale, everyone, not just young people, need to be able to understand the community around them, engage with it, try to make changes in a meaningful way, and see the fruits of their labours first, before acting globally.

By working on a local level first, young people will not only come to understand what it is like to work with different people and their different ideas, but they will also learn a great deal about themselves, their strengths and weaknesses, their ability to engage with other people and, perhaps most importantly, will help them formulate their own opinions about different issues.

This sounds like an extremely worthwhile project.

C'est ce que nous essayons de faire dans notre association. Donner la parole aux jeunes pour qu'ils conduisent les activités que nous menons.
J'avoue que je me pose la même question sur la citoyenneté mondiale. je ne sais pas concrètement à quoi renvoie la citoyenneté mondiale quand on n'a pas encore la majorité des jeunes qui comprennent la nécessité de prendre les problèmes de leurs pays comme leurs propres problèmes. Au Cameroun, le bien public est perçu comme un gâteau. Chacun doit donc utiliser tous les moyens pour avoir sa part.

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