Pour beaucoup d'entre nous, jeunes et étudiants, les études menées exclusivement sur des tableaux noirs ou blancs ont dû passer en ligne du jour au lendemain à cause de la pandémie de COVID-19.
Les programmes d'études qui n'avaient jamais été numérisés ont dû subir une transition rapide. Des universités centenaires ont parfois dû abandonner les évaluations sur papier au profit de nouveaux modes d'évaluation.
Les confinements qui ont suivi ont ébranlé des années de traditions et entraîné un changement global dans le fonctionnement de nos systèmes éducatifs. Ils ont également mis en lumière et exposé les nombreuses failles qui existaient dans nos systèmes.
Si la technologie a joué un rôle essentiel pour assurer le bon fonctionnement des systèmes, elle a également exacerbé les inégalités dans l'éducation, en particulier pour ceux qui se trouvent au-delà de la fracture numérique, risquant de les laisser encore plus à la traîne.
Les différences d'accès au numérique ont accru les inégalités
Pour beaucoup d'entre nous, la technologie tenait plus de la magie que de la réalité. Pour Armel, qui a grandi aux Comores, accéder à Internet signifiait devoir se rendre dans la capitale pour aller dans un cybercafé afin de pouvoir s’y connecter à Internet.
Ces différences ont ralenti l'apprentissage et n’ont permis qu'à quelques élèves privilégiés de disposer d'informations et de connaissances. Au Nigéria, Maryjacob a étudié l'informatique pendant des années sans jamais avoir accès à un ordinateur - tout n'était que théorie et livres.
Ce sont des réalités auxquelles sont encore confrontés de nombreux enfants aux Comores, au Nigéria et dans de nombreuses autres régions du monde.
Pourtant, pour nombre de personnes vivant dans des pays où l'accès à la technologie est plus large, les deux dernières années ont également montré le rôle majeur que peut jouer la technologie dans la démocratisation de l'accès à l’éducation et permettre ainsi une plus grande inclusion. Des contenus et des connaissances qui étaient restés jusque-là inaccessibles, sauf pour quelques privilégiés, sont désormais accessibles à une échelle incroyable.
De plus, les nouveaux outils ont permis à ceux qui étaient jusque-là laissés de côté d'être inclus, que ce soit à travers les sous-titres proposés lors des conférences, les fonctionnalités facilitant l'accessibilité des contenus aux personnes souffrant d'un handicap ou simplement la possibilité d'accéder aux contenus plus facilement.
Les élèves ayant des capacités d'apprentissage différentes, ceux atteints d'une maladie chronique, les jeunes devant s'occuper d'autres personnes, et bien d'autres encore - jusque-là laissés de côté eux-aussi, ont désormais une chance d'apprendre.
Pour des millions d'autres enfants et jeunes gens, la dépendance de l'éducation à la technologie pendant la pandémie a encore réduit leur accès, au lieu de l'augmenter. Certes, il y avait un énorme fossé en termes d’accès à l'éducation avant la pandémie, les enfants des zones rurales et ceux issus de familles à faible revenu, en particulier les filles, avaient moins de chances d’accéder à l'éducation ou à la technologie.
Ces facteurs ont joué un rôle important dans l'énorme fossé créé par la numérisation de l'éducation.
Par conséquent, l'éducation numérisée et démocratisée signifiait pour certains apprenants des semaines et des mois d'absence totale d'apprentissage. Avec le recours accru à la technologie pour l'enseignement à distance, les écarts d'inégalité se sont creusés, laissant nombre d’enfants, en particulier les filles, encore plus à la traîne.
Lors de la réouverture des écoles, de nombreux élèves qui n'avaient pu accéder à l'éducation pendant la période où les écoles avaient été fermées, étaient censés participer aux mêmes examens nationaux et régionaux que leurs homologues plus privilégiés qui avaient suivi un apprentissage pendant la fermeture des écoles.
Les élèves ont dû retourner à l’école parfois sans y être préparés et ne sentant pas sûrs de leurs capacités. Un parent d'un club scolaire avec lequel Maryjacob travaille au Nigéria n'a pas voulu inscrire ses deux enfants à l'examen du certificat de fin d'études secondaires, craignant qu'ils n'aient pas suffisamment appris pour réussir l'examen.
Tirer les leçons de la pandémie pour une meilleure éducation pour tous
Il est urgent que les acteurs étatiques et les responsables comblent les insuffisances qui existent en matière d'éducation. Cela signifie qu'il faut examiner l'éventail des options technologiques disponibles pour faire en sorte que les enfants puissent continuer à apprendre même lorsqu'ils ne sont pas physiquement à l'école.
Les solutions low-tech telles que la radio et les SMS peuvent être parfaitement adaptées à des contextes où il n'existe pas d'infrastructure ou de financement permettant d'étendre l'accès aux technologies de pointe d'une manière juste et équitable.