Les systèmes éducatifs face au défi du changement climatique

La crise liée au changement climatique s'ajoute à la crise des apprentissages et appelle à la mise en place de systèmes éducatifs capables d'assurer un accès continu à l'éducation pendant les périodes imprévisibles, et de prévenir et d'atténuer autant que possible leurs impacts négatifs.

31 octobre 2022 par Sarah Beardmore, GPE Secretariat, Raphaelle Martinez, GPE Secretariat, et Anna-Maria Tammi, GPE Secretariat
|
Lecture : 5 minutes
Des élèves dans un jardin potager à l'école en République démocratique populaire lao.
Des élèves dans un jardin potager à l'école en République démocratique populaire lao.
Credit: GPE/Stephan Bachenheimer

La multiplication et l’intensification de phénomènes météorologiques extrêmes comme les cyclones, les inondations ou les vagues de chaleur représentent une menace pour la vie des enfants. Ces événements causent la destruction d’infrastructures, provoquent des migrations forcées, perturbent les moyens de subsistance et nuisent à la santé.

En raison de changements climatiques dus à l’activité humaine, la température globale de la planète s’est déjà élevée de 1,07 °C par rapport à l’époque préindustrielle, et cette augmentation pourrait atteindre 2,8 °C d’ici à la fin du siècle si rien n’est fait pour réduire radicalement les émissions de carbone.

Le Pakistan est d’ores et déjà confronté à de graves destructions causées par des inondations, et les pays de la Corne de l’Afrique subissent la pire sécheresse qu’ils aient connue depuis 40 ans.

Selon l’indice des risques climatiques pour les enfants établi par l’UNICEF, environ un milliard d’enfants — soit près de la moitié des enfants du monde — vivent dans des pays très fortement exposés aux effets des changements climatiques.

La crise climatique aggrave la crise des apprentissages

On sait que lorsqu’une catastrophe survient, les personnes les plus durement touchées sont celles qui sont le plus vulnérables. Les enfants qui vivent dans des situations de conflit et dans des familles à bas revenu, en particulier les filles et les enfants handicapés, sont les premiers à ne plus pouvoir se rendre en classe.

Les effets des catastrophes se cumulent, en entraînant une aggravation de la vulnérabilité des familles et des populations aux crises suivantes et, avec elle, le risque que les enfants n'aient jamais à l’éducation.

La crise climatique vient s’ajouter à celle qui frappe déjà les apprentissages. D’où la nécessité d’agir ensemble pour construire des systèmes éducatifs résilients, qui puissent se préparer à affronter les crises, à assurer la continuité de l’éducation, y compris pendant des évènements imprévisibles, à prévenir et à réduire autant que possible leurs effets négatifs, et à rebondir en intégrant les enseignements de l’expérience.

Dans le même temps, l'accès à une éducation universelle de qualité est essentiel pour permettre à chaque individu de réaliser son potentiel de manière à pouvoir contribuer à la transition vers une économie mondiale sobre en carbone et à la création d’écosystèmes durables.

De leur côté, les systèmes éducatifs peuvent concourir directement à cette transition bas carbone, notamment par les choix de conception et d’implantation des bâtiments scolaires ou encore l’origine des matériaux utilisés.

Ils peuvent aussi s’attacher à introduire dans les cursus scolaires les connaissances et préoccupations des populations locales et autochtones afin d’encourager des approches, des modes de vie, des apprentissages et de relation à l’autre et à l’environnement biocentrés et plus durables, favorisant ainsi notre marche vers un avenir plus « vert ».

L’idée centrale est de veiller à ce que l’éducation joue son rôle de vecteur d’égalité, de planche de salut pour les enfants les plus vulnérables et de levier pour l’action climatique.

Cet agenda est particulièrement important pour le GPE, qui s’attache à ce qu’aucun enfant ne soit laissé de côté et à accélérer l’accès à l’éducation, aux apprentissages et à l’égalité des genres. Le GPE aide les pays partenaires à transformer leurs systèmes éducatifs afin de les rendre plus équitables, plus inclusifs et plus résilients.

Pour accomplir cette transformation, il ne suffit pas d’opérer quelques modifications à la marge : toutes les composantes du système et tous les acteurs doivent œuvrer ensemble, afin de remédier, dans chaque pays, aux multiples obstacles qui empêchent d’aller de l’avant. C’est un énorme défi.

Nous devons nous assurer que les systèmes éducatifs sont équipés non seulement pour protéger les enfants et leur droit à l’éducation, mais aussi pour protéger les biosystèmes de la planète, dont notre propre existence est totalement dépendante.

Agir en même temps pour l’éducation et le climat

La bonne nouvelle, c'est que les exemples ne manquent pas de pays qui ont mis en place des stratégies efficaces pour protéger les enfants, les enseignants et les populations contre les risques climatiques et dont on peut tirer des enseignements fructueux.

Il faut aussi s’inspirer des méthodes éducatives qui promeuvent des pratiques et des comportements respectueux des écosystèmes locaux, y compris au sein de groupes de population particulièrement isolés et marginalisés. Le GPE soutient déjà certaines de ces initiatives.

Ainsi, à Madagascar, nous avons aidé le ministère de l’Éducation à localiser des terrains présentant toutes les conditions de sécurité nécessaires à la construction d’écoles, à recourir à des méthodes de construction intégrant l’aléa climatique pour que les bâtiments scolaires résistent aux catastrophes, et à mettre en place de nouvelles normes de résistance pour les établissements situés dans des zones particulièrement exposées.

Le ministère a entrepris de réviser le calendrier scolaire en fonction des saisons agricoles et météorologiques, afin de réduire au minimum les absences dues aux difficultés rencontrées par les élèves et les enseignants pour venir en classe pendant les périodes de fortes pluies, de cyclones ou de sécheresse.

De même, en RDP lao, le GPE aide le pays à incorporer des mesures de résilience climatique dans la conception des structures d’éducation de la petite enfance : amélioration des systèmes de drainage pour contenir les inondations, récupération et recyclage des eaux pluviales dans les zones où l’eau est rare, et plantation d’arbres pour protéger les terrains des écoles contre l’érosion et les glissements de terrain.

Le personnel enseignant et de service reçoit une formation pour apprendre à réagir en situation d’urgence et acquérir des connaissances sur la façon de préserver et d’économiser les ressources naturelles et l’environnement.

Une série de billets de blog pour montrer comment l’éducation peut relever le défi climatique

Nous sommes déterminés à tirer les leçons de ces pratiques prometteuses et à aider les pays à faire face aux changements climatiques en adoptant une approche intégrée à l’échelle des systèmes. L’enjeu est d’introduire des mesures d’adaptation et d'action climatique dans toutes les composantes des systèmes éducatifs et, pour accompagner les pays dans ces efforts, nous avons entrepris l’élaboration d’un cadre recensant les principaux points d'entrée vers une résilience climatique renforcée et une plus grande durabilité.

Ces points d'entrée concernent non seulement des aspects liés à la création d’un environnement favorable, avec notamment l’élaboration de politiques ou de plans, la disponibilité de données et de faits probants, la coordination des parties prenantes et le financement, mais ils portent aussi sur les ressources qui entrent dans le système éducatif lui-même, telles que les infrastructures et les enseignants.

Tandis que les pays s’interrogent sur les différentes composantes d’un système éducatif « climato-intelligent », il est essentiel de considérer leur interconnexion et leur interdépendance. La transformation du système pourra s’appuyer, dans chaque pays, sur une approche qui permettra de fixer les actions prioritaires en fonction du contexte, en s’attaquant aux principaux facteurs de vulnérabilité climatique et en enseignant aux élèves les compétences nécessaires, en ce XXIe siècle, pour parer l’urgence climatique et restaurer un environnement sain.

Pour cette série de billets, le GPE a collaboré avec Colin Bangay. Celui-ci a répertorié différents angles de vue sur divers enjeux afin de répondre à la question suivante : comment faire en sorte que les systèmes éducatifs parviennent à relever les défis du changement climatique et de la détérioration de l’environnement ?

Dans ces billets, il sera question non seulement de l’ampleur du problème et de ses répercussions sur l’éducation, mais aussi d’approches innovantes et d’exemples à suivre en matière de planification face aux risques climatiques, de sobriété carbone dans les écoles et d’outils numériques intégrant l’aléa climatique. Ou encore des possibilités de renforcement du rôle de leadership et d’investissement des acteurs multilatéraux, notamment par le biais de fonds climatiques.

*****

Lire les autres blogs de cette série

Lire aussi

Très bonne initiative

Dans le cadre du sous système éducatif de base au Cameroun, nous souhaiterions mener des études spécifiques en lien avec les C.C et les systèmes éducatifs de base au Cameroun afin de mettre en place une base de données stables à cette question. En tant que cadre au ministère de l'éducation de base nous poursuivons cette réflexion dans les régions du Cameroun, mais nous nous retrouverons buter au financement de ladite activité sur le terrain. Nous aimerions aussi bien avoir une méthodologie de votre part afin de conduire à bien notre étude. Dans l'attente d'une suite favorable veuillez agréer l'expression de notre plus profond respect.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Comments

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.