Le continent accueille en effet 1/3 de la population réfugiée dans le monde, dont la plupart sont des enfants et des femmes, soit respectivement 51 % et 59 %. Parmi les 10 premiers pays à accueillir des réfugiés, l’Ouganda, le Kenya et l’Éthiopie accueillent une plus grande proportion de filles que de garçons. Si garçons et filles sont touchés par les crises et les conflits, le visage du déplacement en Afrique est sans aucun doute, et de façon disproportionnée, celui d’une fille.
Bien que l’Afrique, en tant que région, ait fait preuve d’une volonté politique et d’engagements crédibles pour traiter le problème des populations déplacées, le 32ème Sommet de l’UA et la 33ème assemblée de la Campagne « Le Genre : Mon Agenda » (GIMAC), ont été l’occasion de rappeler la dimension du genre dans le déplacement.
Le thème du sommet 2019 de l’UA marquait le 10ème anniversaire de la Convention de Kampala, de l’Union africaine, premier instrument de ce type, qui a également influencé le développement du récent Pacte mondial sur les réfugiés, tel que l’a souligné le Secrétaire-général des Nations unies.
Le Sommet a commémoré les 50 ans de la Convention de l’Organisation de l’unité africaine (prédécesseur de l’UA), qui règlementait des aspects précis du déplacement des populations en Afrique, notamment celui des réfugiés. Ensemble, ces engagements clés en matière de politiques régionales complètent le Protocole de l’UA sur le libre mouvement des Africains sur le continent et la Zone de libre-échange continentale. Soulignons la nature trans-sectorielle complexe de la migration et du déplacement.
Combler le fossé en matière d’aide humanitaire et de développement pour les filles – des engagements politiques audacieux à la responsabilité
La 33ème GIMAC, qui avait pour thème « Vers des solutions durables au déplacement forcé intégrant la notion de genre » a été l’occasion d’une plateforme panafricaine unique permettant à la société civile de mobiliser son influence et ses partenaires sur l’agenda en faveur de l’égalité des sexes de l’Union africaine dans six domaines (gouvernance, paix et sécurité, droits de l’Homme, santé, éducation et émancipation économique). En tant que plateforme de responsabilité, la GIMAC veille également à la mise en œuvre de la Déclaration solennelle pour l’égalité de genre en Afrique (DSEGA) de l'UA.
De même, avec l’imminente fin du Plan d’action sur dix ans de la Charte sur les droits de la femme en Afrique et le 15ème anniversaire du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits de la femme en Afrique (Protocole de Maputo), cette GIMAC revêtait une signification particulière.
Une séance animée par le FAWE, avec le GPE, Save the Children et l’IGAD, a permis aux partenaires de l’éducation régionaux et internationaux d’étudier les obstacles auxquels sont confrontées les filles et les femmes déplacées en termes d’opportunités éducatives dans les situations de crise, de discuter de la restauration d’infrastructures éducatives et des milieux scolaires dans les situations d’urgence, ainsi que d’approches alternatives pour améliorer les acquis scolaires des survivants dans les situations de conflit ou de catastrophe naturelle. Cette séance, et d’autres, fut l’occasion de témoignages éloquents de la part de jeunes militants et de survivants du déplacement ayant dû se débrouiller par eux-mêmes pour trouver de quoi financer leur éducation.
Cette séance a été suivie du 3ème Dialogue politique de Haut niveau de l’UA sur le genre, l’éducation et la protection des écoles dans les contextes d’aide humanitaire, auquel ont participé des ministres africains de l’éducation, du genre et de la défense, ainsi que des acteurs internationaux de l’éducation et du développement. Ce dialogue a appelé les États à prendre en compte la vulnérabilité des filles et des garçons déplacés, afin de garantir la poursuite de leur scolarité dans les contextes d’aide humanitaire et d’urgence.
Cela peut être mis en place précisément en adoptant une approche prenant en compte la dimension de genre et en impliquant les femmes et les filles dans les prises de décision au sein des camps et des zones de réinstallation, en renforçant les données ventilées par sexe, ainsi que la coordination et le partenariat, et en rapprochant l’aide humanitaire de l’aide au développement, afin que les services éducatifs ne soient pas interrompus en temps de crise et que filles et garçons déplacés puissent continuer à bénéficier d’une éducation.
Les gouvernements ont été appelés à généraliser une planification sectorielle de l’éducation prenant en compte la dimension de genre dans ces contextes, afin de réduire le nombre d’enfant non scolarisés vivant dans des situations de crise humanitaire et de conflit. Les pays ont également été encouragés à signer et appliquer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.
Les jeunes mettent les gouvernements devant leur responsabilité
La GIMAC et le 3ème Dialogue politique de haut niveau ont donné la parole à des jeunes déplacés et des leaders de mouvements de la jeunesse. Ceux-ci sont en train de renforcer leur capacité, en tant qu’influenceurs et citoyens, à mettre les gouvernements devant leur responsabilité face aux engagements pris. Le FAWE et le bureau de liaison de Plan International à l’UA ont coanimé une session de formation sur le renforcement des capacités de la société civile, et notamment de la jeunesse, à effectuer un suivi du Protocole de Maputo et de la Déclaration solennelle, à communiquer à ce sujet et à influencer les politiques et prises de décision sur les questions qui les concernent.