Ce billet est le sixième publié en 2020 dans le cadre de la collaboration entre l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) et le Partenariat mondial pour l’éducation (PME). Cette série a été lancée en 2017.
Le 16 juin 1976, quelque 10 000 étudiants et écoliers noirs prennent part à une marche à Soweto, en Afrique du Sud, formant un cortège de près d’un kilomètre. Ils manifestent contre leurs mauvaises conditions d’études et réclament le droit à des enseignements de qualité et dans leur langue maternelle.
Le rassemblement se veut pacifique, mais la situation dégénère après l'arrivée de la police, qui intime à la foule de manifestants de se disperser avec coups de gaz lacrymogène.
La question de savoir qui a donné l’ordre de tirer n’a pas été élucidée, mais les témoignages et les photos font état de jeunes courant dans tous les sens, de plusieurs blessés et de morts allongés à même le sol. Plus de 100 personnes ont été tuées et plus d’un millier ont été blessées au cours de ces deux journées de contestation.
Pour célébrer leur courage et en mémoire des victimes, l’Organisation de l’unité africaine (qui deviendra plus tard l’Union africaine, UA) a instauré en 1991 la Journée de l’enfant africain.
Le thème de cette année, « L’accès à une justice adaptée aux enfants en Afrique », cherche notamment à consolider les droits universels à une éducation de qualité pour les enfants africains aujourd’hui et demain.
Un cadre unique : la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant
Savez-vous que l’Afrique est le seul continent disposant d’un instrument juridique de protection des droits des enfants propre à la région ? La Charte africaine des droits et du bien-être des enfants (CADBE) a été adoptée il y a 30 ans, précisément le 1er juillet 1990, et est entrée en vigueur le 29 novembre 1999.
C’est un outil essentiel pour faire progresser les droits des enfants. S’inscrivant dans la continuité de la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant, la CADBE met l’accent sur des questions cruciales dans le contexte africain.
Comme l’explique Dejo Olowu : « alors que, de façon générale, la Convention énonce clairement que les enfants sont des sujets indépendants disposant de leurs propres droits, la Charte souligne la nécessité d’aborder les questions relatives aux droits de l’enfant en Afrique à l’aune des expériences et valeurs culturelles africaines »
Nous recommandons la lecture de l’Article 11 de la Charte, qui est entièrement consacré à l’éducation de l’enfant africain et aux mesures que doivent prendre les États en vue de parvenir à la pleine réalisation de ce droit.
En juin 2019, 44 des 55 États membres de l’UA avaient signé la Charte et 49 l’avaient ratifiée. Nous espérons que d’ici la fin de cette année, l’ensemble des États membres de l’UA auront ratifié ce texte-cadre fondamental pour le continent, et seront donc tous officiellement tenus par les dispositions de la Charte.