Intégrer le changement climatique dans l’éducation : un nouvel outil pour le dialogue sectoriel

Reconnaissant le rôle crucial de l’éducation dans la lutte contre le changement climatique, le GPE a développé un outil pour intégrer le changement climatique dans les politiques et pratiques éducatives et aider les partenaires à tenir compte des considérations liées au changement climatique dans leur travail.

03 juin 2024 par Anna-Maria Tammi, GPE Secretariat
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Lecture : 4 minutes
Des filles traversant les eaux de crue sur le chemin de l'école à Sunamganj, au Bangladesh. Credit: UNICEF/UN0646836/Mukut
Des filles traversant les eaux de crue sur le chemin de l'école à Sunamganj, au Bangladesh.
Credit: UNICEF/UN0646836/Mukut

Ce blog a déjà également été publié sur le site de NORRAG.

Face à la menace considérable que constitue le changement climatique pour la planète et ses habitants, il est urgent d’intégrer cette question dans le dialogue sur les politiques publiques, notamment dans le secteur de l’éducation.

S'il reste important d’instaurer des politiques ciblées en matière d’éducation, de changement climatique et de gestion des risques de catastrophe, le changement climatique est plus que jamais l’affaire de tous. C'est un sujet qui doit absolument être pris en compte dès la conception de toute politique en éducation, que celle-ci concerne l’accès au système éducatif, la qualité des apprentissages ou l’inclusion.

Un guide à visée générale

Reconnaissant le rôle crucial de l’éducation dans la lutte contre le changement climatique, le GPE a créé un outil de dialogue sectoriel pour intégrer cette question dans les politiques et pratiques sectorielles de l’éducation. Cet outil entend aider les partenaires à tenir compte des considérations liées au climat dans le dialogue sur les pactes de partenariat (lesquels identifient les réformes prioritaires des pays partenaires en matière d’éducation), les financements du GPE et le dialogue sectoriel en général.

Notre outil s’appuie sur le cadre d’action pour des systèmes éducatifs intégrant le climat et sur des analyses de données probantes sur le changement climatique et la résilience. Il est organisé selon les 8 domaines prioritaires du plan stratégique GPE 2025 : l’accès à l’éducation ; la qualité des apprentissages (notamment l’apprentissage préscolaire) ; la qualité de l’enseignement ; l’inclusion ; l’égalité des genres ; le financement intérieur ; et la solidité de la capacité d’organisation. Ici, nous allons nous concentrer sur la qualité des apprentissages et l’inclusion, à titre d’exemple.

La prise en compte du changement climatique influe sur la qualité des apprentissages

Les décideurs politiques et les praticiens de l’éducation peuvent bien sûr intégrer les thèmes du changement climatique dans le programme scolaire officiel et les évaluations des élèves. Cependant, d’autres points d’entrée sont possibles dès la conception des stratégies d’apprentissage.

L’un d’eux est l’environnement d’apprentissage physique. On sait que dans les régions sujettes aux tempêtes, aux cyclones ou aux moussons, il est nécessaire de bâtir des écoles capables de résister aux catastrophes. On s’accorde de plus en plus à reconnaître qu'il existe des liens préjudiciables entre les effets à long terme du changement climatique et la qualité des apprentissages.

Des phénomènes à évolution lente comme la hausse graduelle des températures ou les changements dans la répartition des précipitations peuvent accroître l’absentéisme, entraver le développement physique et cognitif des enfants, et nuire aux résultats scolaires.

Des études montrent les effets néfastes d’une chaleur excessive sur les notes d’examen, entraînant jusqu’à 1 % de baisse dans les acquis scolaires à chaque hausse de 0,55 °C de la température. Il a également été établi que les événements météorologiques extrêmes causent une baisse des résultats scolaires.

Pour contrer de tels effets, des mesures s’imposent afin d’éviter que les enseignants et les élèves ne soient exposés à une chaleur excessive à l’école. Les mesures qui permettent de refroidir de manière passive les constructions scolaires sont notamment la peinture des façades en blanc ou en une teinte claire, une ventilation adéquate (aération naturelle, ventilateurs de plafond), la plantation d’arbres pour l’ombrage et l’installation de toits verts ou végétalisés.

Les questions climatiques doivent également être prises en compte lors de la conception des politiques éducatives qui ciblent les plus jeunes, sachant que le changement climatique, la détérioration de l’environnement et les catastrophes touchent particulièrement les jeunes enfants et nuisent à leur développement aussi bien physique que cognitif. Par exemple, les enfants en bas âge sont plus sujets aux maladies qui se propagent à cause du changement climatique comme la malaria.

Pour soutenir les plus petits à l’heure du changement climatique, il nous faut impérativement identifier leurs besoins à chaque étape de leur développement, et ce, dès la conception et la grossesse des mères.

Des programmes d’éducation de la petite enfance de qualité sont essentiels dans la lutte contre le changement climatique, car ils offrent un socle important pour accroître la résilience et la capacité d’adaptation face à ce problème.

Les programmes de la petite enfance peuvent favoriser l’atténuation des impacts liés au changement climatique grâce à des installations, des systèmes de transport et des espaces de jeux écologiques qui donneront naissance à une nouvelle génération dotée des compétences et des connaissances requises pour protéger l’environnement.

Le changement climatique aggrave les inégalités. Des mesures sont nécessaires pour protéger l’éducation au profit des élèves les plus marginalisés.

Ne laisser personne de côté à l’heure des effets du changement climatique

Dès la conception des politiques d’inclusion en général, que ce soit pour les personnes en situation de handicap ou les enfants qui vivent dans des situations de fragilité et de conflit, les effets du changement climatique doivent être pris en compte. Sinon, les décideurs politiques risquent de laisser des enfants de côté.

Il est également indispensable que les représentants des communautés touchées puissent véritablement participer à la conception de ces politiques et jouer un rôle de leadership à ce sujet, en étant inclus dans les décisions.

Dans les crises, les personnes en situation de handicap sont souvent les plus durement touchées, affichant des taux de mortalité disproportionnellement élevés et comptant parmi ceux qui ont le moins facilement accès à l’aide.

Les enfants qui vivent dans des pays touchés par les conflits sont eux aussi particulièrement vulnérables au changement climatique, en raison à la fois des impacts sur l’environnement et de la capacité limitée de l’État à atténuer ces risques. Parmi les 20 pays considérés comme les plus vulnérables au changement climatique selon l’indice Notre Dame Global Adaptation Initiative (ND-GAIN), 60 % sont touchés par un conflit armé.

D’ici 2050, le changement climatique pourrait contraindre 216 millions de personnes à des déplacements à l’intérieur de leur pays, un chiffre extrêmement élevé. Il faut savoir que les modèles de déplacements forcés varient considérablement d’une région à l’autre dans le monde.

En Asie et dans la région du Pacifique, les populations se déplacent durant les changements de saisons, tandis que dans les Caraïbes, elles effectuent des déplacements temporaires après des ouragans et des tempêtes. En Afrique de l’Est, les gens rejoignent des camps de réfugiés à cause des sécheresses et des inondations.

Comme les déplacements liés au changement climatique diffèrent selon les régions, les obstacles à l’éducation ne sont pas les mêmes non plus. Certaines régions subiront la destruction de leurs infrastructures scolaires, tandis que d’autres connaîtront des barrières linguistiques ou la perte des moyens de subsistance.

Rien qu’en 2024, des écoles ont dû fermer en raison de vagues de chaleur au Soudan du Sud, aux Philippines et en Inde. D’autres pays ont été contraints de raccourcir la durée de la journée d’école à cause des températures insupportables dans la salle de cours.

L’éducation doit alors se poursuivre à distance, mais l'apprentissage à distance est entravé par des inégalités préexistantes. Il faut avant tout concevoir l’apprentissage à distance en pensant aux élèves les plus marginalisés et les plus jeunes.

Pas le temps d’attendre

La prise en compte des questions liées au changement climatique dans l’éducation est indispensable non seulement pour bâtir un avenir durable, mais également pour protéger dès aujourd’hui l’éducation et les droits des enfants.

Nous nous dirigeons rapidement vers une réalité dans laquelle chacun de nous doit maîtriser le langage des risques climatiques et réfléchir à la manière dont ces risques influeront sur la réussite des politiques conçues pour le secteur de l’éducation.

Cet outil entend proposer des pistes de réflexion en ce sens et nous espérons qu’il permettra d’engager la conversation sur l’intégration des questions climatiques à l’ensemble des politiques en matière d’éducation.

Pour en savoir plus, notamment obtenir des conseils techniques plus détaillés, veuillez consulter les ressources de nos partenaires sur la planification sensible aux crises, l'élaboration de programmes en fonction du risque et la sécurité dans les écoles.

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