Ce blog est le premier d'une série de deux blogs sur la façon dont la République centrafricaine a reconstruit son système d'éducation de base suite à la crise qui a débuté en décembre 2012, et ceci grâce à un financement accéléré du Partenariat mondial pour l'éducation.
Dorcas est une élève de cinquième année à l'école primaire Sainte-Anne à Dekoa, dans la province de Kémo, en République centrafricaine (RCA). Lorsque je l'ai rencontrée dans son école, elle m'a raconté un souvenir douloureux du récent conflit.
« Peu de temps après que la guerre a ravagé mon village, ma famille a fui pour aller se refugier dans la brousse où nous avons fini par rester un an. Il n'y avait rien à faire et mon école me manquait. Alors un jour, j’ai marché longtemps pour retourner à l'école dans l'espoir de voir des maitres et des amis. Au lieu de cela, j’ai vu tout le bâtiment occupé par des hommes armés. C’était le chaos total. De loin, je les ai regardés prendre les bancs et les manuels scolaires de ma classe et les brûler pour les réduire en cendres. Je n’ai pas pu me retenir – j’ai éclaté en sanglots. Mon dernier espoir s’était envolé ».
Enfants et familles souffrent à travers tout le pays
Malheureusement, l'histoire de Dorcas n’est pas exceptionnelle en RCA, où le récent conflit armé a dévasté le pays et a coûté la vie à de nombreuses personnes.
Quand je suis arrivée à Bangui au plus fort du conflit début 2014, bon nombre d’écoles dans l’ensemble du pays étaient fermées ou endommagées à cause de ces violences continues.
Cependant, de nombreuses personnes que j’ai rencontrées dans les camps de déplacés rêvaient toujours du jour où les écoles rouvriraient: les enfants étaient impatients de retrouver leurs amis, les enseignants d'être en classe, et les parents enclins à envoyer leurs enfants à l'école.
Une réponse rapide à la crise de la part du Partenariat mondial pour l’éducation
Le monde n’a accordé que peu d’attention à la RCA malgré la complexité et la gravité de la crise. Pourtant, les espoirs des étudiants comme Dorcas sont revenus progressivement avec le financement accéléré octroyé par le Partenariat mondial pour l'éducation. En tant que l'un des membres du personnel de l'UNICEF étroitement impliqué, j’ai clairement remarqué les changements apportés par le programme.
La RCA est le troisième pays à recevoir ce type de financement accéléré de la part du GPE (la Somalie et le Yémen en ont également bénéficié), qui vise à la reconstruction rapide des services d'éducation dans les pays fragiles et touchés par des conflits.
En RCA, l'UNICEF est chargé de gérer le financement accéléré de 3,69 millions de dollars, en étroite collaboration avec le ministère de l'Éducation.
Le programme est axé sur la restauration des services d'éducation de base. Ces activités comprennent la réparation des salles de classe endommagées telles que portes, fenêtres et plafonds, l’approvisionnement de bancs et de tableaux pour remplacer ceux qui ont été détruits, la distribution de fournitures scolaires aux élèves et la sécurisation de ces salles de classe en mettant des verrous sur les portes.
Répondre aux besoins les plus urgents
De septembre à novembre 2014, des cours de rattrapage ont été organisés pour aider les élèves et les enseignants qui n’avaient pas pu aller à l'école pendant le conflit. Compte tenu de l'importance de rétablir rapidement le fonctionnement du ministère, le programme a également pris en charge les fonctionnaires du ministère dans les zones ciblées en leur fournissant du matériel de base de bureau, du crédit téléphonique et du carburant pour coordonner les activités sur le terrain avec les directeurs d'école et les partenaires de mise en œuvre
Compte tenu du conflit en cours, le chemin pour atteindre les objectifs du programme n’a certainement pas été facile. En effet, le ministère, l'UNICEF et les partenaires de mise en œuvre ont dû faire face à un certain nombre de défis.
L'insécurité, associée à l’instabilité et l'imprévisibilité en cours ont été quelques-uns des plus grands défis. Certaines des écoles ciblées étaient inaccessibles en raison de combats incessants ou la présence active de groupes armés dans la région. Certaines écoles de la capitale sont restées fermées jusqu'à la moitié du programme du fait de l'insécurité causée par les violences continues, dont des fusillades régulières dans de nombreux districts. Le conflit a également gravement endommagé les écoles. En particulier, les écoles initialement construites avec des matériaux locaux tels que de la boue et des branches ont été complètement détruites pendant le conflit.
Les défis s’accumulent
Les mauvaises conditions routières ont coûté cher et ont entraîné de fréquents retards dans la livraison de matériaux, ce qui a entraîné une grande difficulté dans la réalisation du projet. La situation a été aggravée lors de la saison des pluies, entre mai et novembre, au cours de laquelle de fortes pluies et les rivières en crue ont considérablement ajouté à l’état déjà lamentable et boueux des routes. En plus de cela, le prix des matériaux nécessaires a triplé lorsque les marchandises ont cessé de venir en raison de l'insécurité à la frontière entre la RCA et le Cameroun, la route principale d’importation.
La plupart des bâtiments ministériels et les bureaux avaient été pillés dans la capitale et dans les provinces, ce qui a affecté non seulement les conditions de travail des fonctionnaires, mais aussi eu un impact sur leur capacité à superviser et orienter les enseignants. De plus, de nombreuses familles ont perdu leurs maisons et leurs biens ménagers pendant le conflit. Il ne restait que peu de moyens aux parents appauvris pour envoyer leurs enfants à l'école, même si les écoles rouvraient.
Le ministère, l'UNICEF et les partenaires de mise en œuvre ont développé des solutions créatives pour minimiser l'impact de ces défis et aider à atteindre les résultats escomptés. Dans le prochain blog, je vous expliquerai comment nous avons abordé certains de ces défis.
(Carte) UNICEF, les partenaires de mise en œuvre et zones ciblées dans le cadre du programme de financement accéléré du GPE
CORDAID: Organisation catholique pour les secours et l'aide au développement
FSE: Enfants sans frontières (ONG nationale)
FCA: Finn Church Aid
NRC : Conseil norvégien pour les réfugiés
SCI: Save the Children International