Construire des écoles propices à l'apprentissage intégrant l'environnement et adaptées aux conditions météorologiques extrêmes

Principes de conception et facteurs à prendre en compte pour construire des infrastructures scolaires résilientes au climat.

11 décembre 2023 par Colin Bangay, Foreign Commonwealth and Development Office
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Lecture : 5 minutes
Des élèves dans la cour de l'école primaire de Murape au Zimbabwe. Crédit : GPE/Carine Durand
Des élèves dans la cour de l'école primaire de Murape au Zimbabwe.
Credit: GPE/Carine Durand

La fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes augmente dans le monde entier, en particulier dans les pays les moins responsables des causes climatiques sous-jacentes, mais les plus vulnérables à leurs effets.

Rien qu'en 2022, 27 000 écoles ont été endommagées ou détruites au Pakistan, tandis que d'autres ont été réquisitionnées comme centres de crise, perturbant l'éducation de 2,5 millions d'enfants. Deux ans plus tard, les enfants sont toujours scolarisés dans des structures temporaires, offrant peu de protection contre les intempéries.

ILa même année, 1,5 million d'enfants ont été touchés au Bangladesh, tandis que 51 écoles ont été frappées par de fortes pluies et des inondations au Zimbabwe. Cette année, un demi-million d'enfants ont été déplacés des écoles du Malawi à la suite du cyclone Freddy.

Nous semblons entrer dans une ère où la réparation des dommages causés aux infrastructures éducatives par des phénomènes météorologiques extrêmes pourrait remplacer les investissements dans l'amélioration de la qualité.

La situation ressemble à un jeu de serpents et d'échelles, sauf qu'il n'y a pas d'échelles : tout progrès accompli est compromis par des chocs climatiques/environnementaux. Alors, que pouvons-nous faire pour remettre les échelles ?

Faire le lien entre l'environnement de l'école et de la classe et la qualité de l'apprentissage

Quiconque s'est déjà trouvé dans un bâtiment en béton couvert de tôle pendant la chaleur de la saison sèche ou a connu le bruit d'une tempête tropicale comprendra l'impact que cela peut avoir sur l'apprentissage et l'enseignement.

La chaleur, la lumière, le son, la qualité de l'air et la disponibilité de l'eau/la déshydratation ont tous des répercussions physiologiques, d'autant plus importantes sur les enfants ayant des besoins particuliers.

Une étude innovante financée par l'UKAID et basée sur une « ligne de vue directe » entre les bâtiments scolaires et leur impact sur les émissions de carbone, la sécurité, l'inclusion et l'apprentissage est en cours en Tanzanie.

Les premiers résultats de l'étude montrent que les températures dans les salles de classe tanzaniennes sont régulièrement supérieures à la fourchette de 21-26°C préconisée par le guide du travail sud-africain (South African Labour Guide).

Les chercheurs ont également établi une corrélation entre la température et le niveau d'apprentissage : une augmentation de 1°C de la température moyenne au cours de l'année scolaire est associée à une baisse de 1,1 % des résultats à l'examen de fin d'études.

Ce chiffre peut sembler négligeable, mais il ne faut pas sous-estimer l'importance de la température dans les salles de classe.

Une analyse de 18 études différentes a montré que les enfants obtenaient des résultats supérieurs aux tests psychologiques et aux tâches scolaires de 20 % en moyenne lorsque la température de la salle de classe passait de 30°C à 20°C.

En Tanzanie, il fait de plus en plus chaud dans les salles de classe (en rouge, la température maximale (pendant les heures de classe) est supérieure à 28,7°C). Crédit : Fab Inc/Laterite
En Tanzanie, il fait de plus en plus chaud dans les salles de classe (en rouge, la température maximale (pendant les heures de classe) est supérieure à 28,7°C)
Certaines écoles se réchauffent plus rapidement que d'autres, ce qui prouve que l'orientation et la conception sont importantes. Crédit : Fab Inc / Laterite
Certaines écoles se réchauffent plus rapidement que d'autres, ce qui prouve que l'orientation et la conception sont importantes.

Les solutions

Pour faire face au changement climatique, il faut réfléchir à ce qui peut être fait aujourd'hui et aux adaptations nécessaires pour demain.

Les recherches menées en Tanzanie visent à tester l'efficacité de rénovations peu coûteuses des bâtiments scolaires afin de répondre aux défis posés par l'augmentation des températures, notamment :

  • Augmenter l'ombre fournie par la végétation ou les faux plafonds (faits de roseaux ou de nattes de bambou) afin de réduire la température et d'améliorer l'acoustique ;
  • Peindre en blanc les toits en tôle afin d'augmenter la réflectivité et de réduire le rayonnement thermique à l'intérieur des bâtiments jusqu'à 4,5°C ;
  • Utiliser les technologies de l'information et de la communication (TIC) pour identifier les zones les plus exposées aux pénuries d'eau et pour adapter et organiser en conséquence les interventions en matière d'eau et d'assainissement dans les écoles ;
  • Utiliser l'imagerie satellitaire des toits des écoles pour évaluer leur potentiel de captage de l'eau dans les régions souffrant de la baisse des nappes phréatiques et du manque de régularité des précipitations.
Rénovations possibles. Crédit : Open Development Education
Rénovations possibles

Nouvelles constructions : 5 facteurs à prendre en compte

Les rénovations sont un bon début, mais il est urgent d'augmenter le nombre d'écoles et de salles de classe pour répondre à la hausse du nombre d'élèves (ainsi que de reconstruire celles qui ont été détruites par des phénomènes météorologiques extrêmes). Cette situation a conduit à la prolifération de bâtiments simples.

Ces projets n'ont souvent pas été modernisés depuis les années 1970 ou 1980, utilisent des blocs de béton et accordent peu d'attention aux questions environnementales telles que l'empreinte carbone, le risque d'inondation ou la nécessité du captage d'eau.

La première étape du développement d'une infrastructure scolaire intégrant le climat consiste à élaborer une politique nationale et des directives de planification pour les nouvelles écoles, les rénovations et les agrandissements d'écoles, afin de les adapter aux aléas climatiques propres à chaque contexte.

Outre les aspects liés à l'énergie, à l'approvisionnement en eau, à l'élimination des déchets, etc., cinq éléments ne peuvent pas être adaptés et ne sont souvent pas pris en compte dans les nouvelles constructions :

  1. L'emplacement : grâce aux progrès des systèmes d'information géographique et à l'accès aux données satellitaires, il est désormais facile et peu coûteux d'identifier les emplacements les plus logiques pour construire des écoles, en tenant compte de facteurs clés tels que l'offre existante, la densité de population, l'accessibilité physique pour tous et la vulnérabilité aux inondations.
  2. L'orientation : l'orientation d'un bâtiment par rapport à la trajectoire du soleil a un impact considérable sur sa capacité à absorber la chaleur. De même, les vents dominants peuvent avoir un impact sur la ventilation et l'exposition à la pollution de l'air.
  3. La forme : la forme et les dimensions des salles de classe peuvent avoir un impact significatif sur la lumière, la température et l'acoustique. Les bâtiments longs et étroits peuvent empêcher les élèves du fond de voir le tableau (bien qu'ils facilitent la ventilation transversale). En Inde, le programme d'apprentissage par activités a favorisé les salles de classe de forme octogonale pour faciliter le travail en groupe. Pédagogie et géographie sont liées ! De même, l'élévation des fondations d'une école et l'aménagement de sorties pour l'évacuation des eaux de crue sont des mesures judicieuses dans les zones sujettes aux inondations.
  4. Les matériaux : l'utilisation de matériaux locaux suscite un intérêt croissant, tout en réduisant la dépendance à l'égard du ciment très polluant. On trouve de bons exemples d'utilisation de matériaux et de conceptions locaux en Sierra Leone, au Bangladesh et, à grande échelle, au Malawi.
  5. Les ouvriers : la façon dont vous engagez les ouvriers pour construire des salles de classe a des conséquences sur le coût, mais aussi sur la participation de la communauté et sur l'emploi. Les options disponibles varient en fonction de la complexité et se répercutent sur le coût.
La relation entre l'échelle/la complexité de la construction et l'approche de l'approvisionnement
La relation entre l'échelle/la complexité de la construction et l'approche de l'approvisionnement
Credit:
Guide de l'infrastructure des conseillers en éducation du FCDO (à paraître)

Prochaines étapes

L'un des grands défis à venir est de briser le statu quo dans le domaine des infrastructures scolaires. Pour passer de la conception sur mesure à la production de masse, il faut trouver des moyens de produire à grande échelle des éléments préfabriqués en matériaux naturels et d'en assurer la qualité.

Ces matériaux doivent pouvoir être utilisés par des équipes de construction locales qui peuvent les intégrer dans des conceptions intégrant l'environnement, les émissions de carbone et l'apprentissage.

Les changements dans la manière dont les infrastructures sont construites et gérées ne sont qu'une façon pour l'éducation de répondre aux défis urgents en matière de climat, d'environnement et de biodiversité. D'autres domaines incluent la réponse aux changements de saisonnalité et leur impact sur la fréquentation et, par conséquent, sur la couverture des programmes scolaires.

Malgré la situation, tout espoir est permis, car des innovations prometteuses sont en cours de développement. Par exemple, l'International Rescue Committee (IRC) pilote une approche pour gérer les fermetures d'écoles liées au climat en utilisant l'intelligence artificielle afin de prédire où les événements climatiques sont les plus susceptibles de se produire et en s'assurant que des fonds sont disponibles par le biais d'une assurance paramétrique pour fournir des transferts d'argent aux ménages ainsi qu'un soutien à distance pour l'éducation et la protection des enfants.

Avec l'innovation et la volonté de changer, la transformation est possible. Toutefois, cela n'implique pas toujours d'utiliser de nouveaux matériaux. Il est possible de tirer parti des technologies de construction traditionnelles et de les appliquer à des conceptions hybrides qui peuvent également être développées à grande échelle.

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Commentaires

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