On m'a récemment demandé de prononcer un discours sur les réponses des systèmes éducatifs au changement climatique / environnemental à l'occasion de Schools 2030, lors de la Journée internationale du jeu. Reprenant le thème de cette journée, j'ai utilisé des jeux d'enfants classiques (le puzzle, le jeu de société Serpents et échelles (une sorte de jeu de l’oie) et les blocs de construction) pour explorer la manière dont les systèmes éducatifs ont relevé ces défis.

Le puzzle (le quoi)

Il est pratiquement impossible de compléter un puzzle complexe sans l'image qui figure sur la boîte. Comprendre la situation dans son ensemble est une première étape cruciale.

Le changement climatique est causé par les gaz à effet de serre provenant de la combustion de combustibles fossiles (charbon, gaz naturel et pétrole). Historiquement, ces gaz ont largement émané des pays industrialisés, alors que la plupart des pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires ont peu contribué à l'émission de CO2.

Cependant, ce sont les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires qui subiront le plus les conséquences des changements climatiques. Ces faits font de la justice environnementale une question importante, mais aucun pays ne peut à lui seul arrêter le changement climatique mondial. Un effort collectif d'adaptation et d'atténuation est essentiel.

Quels sont les pays les plus responsables du changement climatique

Pour comprendre le lien entre le climat, l'environnement et l'éducation, il faut d'abord comprendre l'interaction entre les processus physiques et l'action de l'homme.

Une attention portée uniquement au changement climatique attire à juste titre l'attention sur les émissions mondiales, mais des solutions significatives au niveau national et local demandent de se pencher sur des défis plus larges liés à l'environnement et aux moyens de subsistance.

Il est essentiel de mettre en évidence les liens complexes entre les facteurs de causalité, les pressions environnementales et les incidences sur le développement aux niveaux national et local.

La Banque mondiale l'a clairement exprimé dans son analyse de l'environnement au Malawi, qui met en exergue l'interaction entre l'augmentation de la population, le changement climatique, les besoins en ressources et les pratiques nationales contribuant à la dégradation de l'environnement, ainsi que les conséquences pour la pauvreté et le développement économique dans le pays :

Il est également essentiel de comprendre les liens entre les phénomènes météorologiques extrêmes, la pauvreté, la dégradation de l'environnement et la gouvernance.

Le glissement de terrain survenu en 2017 à Freetown, en Sierra Leone, qui a causé la mort de plus d'un millier de personnes et détruit des écoles, des maisons et des dispensaires, est une tragédie dont l’origine réside dans le changement climatique (des précipitations extrêmes sur lesquelles les Sierra-Léonais n'ont aucun contrôle). Cependant, les autres facteurs qui y ont contribué auraient pu être gérés localement et faire l'objet de décisions appropriées par les dirigeants.

Cela illustre le fait qu'il existe encore un niveau d'action lorsque l'on réfléchit aux questions environnementales et à leur impact, qui va au-delà du changement climatique et de la science du climat.

Heureusement, il existe une multitude de documents en libre accès couvrant les risques et les vulnérabilités climatiques / environnementales au niveau national qui peuvent aider à obtenir une vue d'ensemble et à planifier les systèmes éducatifs. Les façons d'envisager les risques liés aux systèmes éducatifs au niveau du pays, développées par le Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO), constituent un point de départ utile.

Serpents et échelles (le pourquoi)

La promotion du changement dans la pensée et les approches pour aborder les questions liées au climat, à l'environnement et à l'éducation est plus susceptible de se produire lorsque tous comprennent la logique ou l'impératif sous-jacent, c'est-à-dire en répondant à la question du « pourquoi ».

Au niveau des systèmes, c’est tout particulièrement vrai en ce qui concerne le financement des secteurs du climat et de l'éducation. Une action préparatoire menée dès maintenant peut sauver des vies, économiser de l'argent et protéger le temps de contact entre les élèves et les enseignants.

Malheureusement, les changements climatiques et environnementaux ont déjà un impact sur l'éducation. Du côté de l'offre d’éducation, les événements climatiques extrêmes entraînent la destruction de salles de classe et les salles de classe étouffantes où il fait très chaud et mal adaptées à la hausse des températures, ne constituent pas des conditions propices à l’apprentissage. Quelle que soit la qualité du programme, de l'enseignant, des manuels ou des TIC, si les enfants et les enseignants ont trop chaud, soif ou faim, l'apprentissage en pâtit.

Du côté de la demande, la détérioration des moyens de subsistance réduit le revenu des familles et peut les conduire à devoir choisir quant aux enfants à envoyer à l'école. De même, elle a un impact sur la nutrition et la santé, puisque Gavi note que plus de la moitié des maladies infectieuses sont aggravées par le changement climatique. L'augmentation de la prévalence des maladies (paludisme, choléra, etc.) réduit la présence des enseignants et des élèves à l'école.

Blocs de construction (le comment)

Pour construire avec un jeu de construction, il faut s'assurer d'avoir les bonnes pièces et de les assembler dans le bon ordre. Pour ce faire, il est utile d'avoir un plan. En ce qui concerne les systèmes éducatifs, quelques thèmes clés émergent :

• Réfléchir en termes de durée - sur plusieurs années et au cours d'une même année (saisonnalité). Il est très utile d'établir des priorités et des séquences d'interventions à court, moyen et long terme. Il est également utile de prendre en compte la question de la « saisonnalité ». L'éducation est-elle plus perturbée à certaines périodes de l'année dans un contexte donné ? Qu'est-ce qui est censé être enseigné pendant ces périodes ? La remédiation pour compenser le temps perdu d'enseignement est-elle nécessaire pour s'assurer que les élèves restent en phase avec leur apprentissage ?
• Réfléchir en termes géographiques. Les impacts climatiques et environnementaux varient considérablement selon l'endroit où vous vous trouvez dans le monde. Les systèmes d'information géographique et l'intelligence artificielle sont de plus en plus utilisés pour soutenir des actions anticipatives visant à atténuer les chocs climatiques, en identifiant une série de problèmes au niveau de l'école, du risque d'inondation à la pollution des bassins versants, en passant par le potentiel de captage des eaux de pluie.
• Réfléchir en termes d'infrastructure. Où et comment vous construisez des bâtiments, et ce avec quoi vous les construisez, peut être déterminant pour la résilience des écoles et les résultats scolaires.

• Réfléchir (différemment) à la question de l'apprentissage. Trop souvent, lorsque l'on réfléchit au rôle de l'éducation, la réaction spontanée est de penser que si les gens en savaient plus, ils se comporteraient différemment. Cependant, les résultats d'innombrables campagnes de santé publique et de sécurité remettent en cause cette hypothèse. En outre, des données probantes en psychologie infantile suggèrent qu'une approche du changement climatique fondée uniquement sur la connaissance peut aggraver l'anxiété. Le meilleur moyen de lutter contre le sentiment d'impuissance est de dispenser une éducation qui donne aux élèves les moyens d'agir. L'éducation doit aller au-delà de l'« apprentissage de la connaissance » et intégrer l'« apprentissage de l'action ». La modification du programme scolaire peut être un point de départ, mais nous devons aller au-delà du rappel des faits pour formuler et résoudre des problèmes de manière à promouvoir l'action individuelle et collective. Cela signifie qu'il faut accorder une plus grande attention aux systèmes d'évaluation et à la pédagogie, ainsi qu'à la formation des enseignants.

Alors que les principes fondamentaux des réponses aux défis climatiques / environnementaux à l'échelle du système peuvent être résumés en trois étapes simples : (1) Avoir une vue d'ensemble, (2) Reconnaître les risques, (3) Établir des priorités, planifier et réagir ; le niveau d'impact de l'éducation dépend d'une mise en œuvre efficace et opportune : une proposition beaucoup plus difficile à distiller, mais le temps presse. Il n'y a vraiment aucun temps à perdre.