Transformation du système : comment une coordination efficace favorise le changement

Un financement inadéquat conjugué à des politiques, un soutien institutionnel et des efforts des partenaires fragmentés sont quelques-uns des défis auxquels sont confrontés les systèmes éducatifs, freinant les progrès dans l'amélioration des résultats scolaires. Une coordination ciblée entre les acteurs, les processus et les systèmes interdépendants est essentielle pour optimiser l'ensemble des ressources en vue de la prestation de services.

17 décembre 2024 par Janne Kjaersgaard Perrier, GPE Secretariat
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Lecture : 6 minutes
Des élèves de l'école secondaire Shree Kankalini, dans la municipalité de Hanumannagar Kankalini, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal. Crédit : UNICEF Nepal/Laxmi-Prasad-Ngakhusi
Des élèves de l'école secondaire Shree Kankalini, dans la municipalité de Hanumannagar Kankalini, dans le district de Saptari, dans les plaines du sud du Népal.
Credit: UNICEF Nepal/Laxmi-Prasad-Ngakhusi

Les mécanismes et les objectifs d'une coordination efficace en matière d'éducation vont au-delà du dialogue politique entre les gouvernements, les partenaires de développement et les parties prenantes du secteur.

Qu'il s'agisse de définir des objectifs au niveau national, sectoriel ou sous-sectoriel, la coordination joue un rôle clé en assurant que la vision de l'éducation d'un pays s’appuie sur une harmonisation des investissements et des ressources des partenaires, une planification commune à tous les niveaux de gestion et une stratégie de mise en œuvre solide.

Elle garantit également que les gouvernements peuvent exercer un leadership efficace et collaborer avec les partenaires tout en évitant les contraintes administratives superflues ou coûts de transaction inutiles.

La coordination de l'effort collectif agit comme un catalyseur à l'amélioration de l'apprentissage et des performances du système éducatif. En identifiant les domaines dans lesquels des investissements sont nécessaires et en favorisant des collaborations productives, la coordination peut conduire à une mise en œuvre réussie, améliorant ainsi les résultats scolaires.

Dans plus de 60 pays partenaires du GPE, les gouvernements ont défini dans leurs pactes de partenariat la manière dont ils collaboreront avec divers partenaires de l'éducation pour mener à bien la transformation de leurs systèmes éducatifs. Ils y ont identifié les domaines et actions clés où la coordination peut renforcer la mise en œuvre, la gestion et le suivi de leurs priorités en matière de réforme.

Tirer parti de la coordination permet également d'apporter des améliorations durables et à long terme dans des domaines essentiels tels que le financement de l'éducation, la collecte de données et la planification.

Au fur et à mesure que les pays travaillent sur les processus des pactes de partenariat, une vision plus nuancée apparaît de ce que signifie la « coordination » dans le cadre de la transformation des systèmes, au-delà du dialogue sectoriel de haut niveau.

Le rôle de la coordination dans la transformation du système éducatif

La tenue régulière de réunions et d’échanges au sein d’organes de coordination politique, financière, thématique et technique joue un rôle essentiel dans la mobilisation de communautés dynamiques et interconnectées de défenseurs de l’éducation, alignées sur des objectifs éducatifs spécifiques.

Établir une base de données probantes robustes pour les priorités politiques

Une réforme de l'éducation réussie repose sur une base de données probantes robustes qui peut identifier les écoles, les régions et les populations les plus vulnérables et les plus performantes. Elle permet de comprendre clairement où en sont les systèmes éducatifs, d'établir une base de référence pour les progrès et de déterminer les changements nécessaires qui permettront d'améliorer de manière significative les résultats scolaires.

Dans les pays partenaires du GPE, les mécanismes de coordination sectorielle qui appuient les efforts de collecte de données pour la prise de décision en matière d'éducation, tels que les groupes locaux des partenaires de l'éducation, veillent à ce que les données et les perspectives des diverses parties prenantes (en particulier celles de la société civile et des autres défenseurs de l'inclusion et l'égalité des genres) soient incluses dans les processus nationaux de collecte de données et de formulation de politiques ; et à ce que les actions prioritaires reflètent les besoins de tous les apprenants.

Coordination des partenaires autour des priorités nationales par le biais de feuilles de route

Le processus de cocréation pour la conception des pactes de partenariat intègre les atouts essentiels des parties prenantes dans des feuilles de route claires pour la réforme de l'éducation, guidant les partenaires vers un objectif commun : aligner les programmes actuels et futurs sur la vision d'un pays pour améliorer la qualité de l'éducation et l'équité en matière de résultats scolaires.

Une coordination efficace aligne également les efforts des gouvernements et des partenaires dans des domaines clés de l'éducation, tels que la conception des programmes, la formation des enseignants et les évaluations des acquis scolaires. Elle renforce les capacités collectives et crée les synergies indispensables pour permettre à la fois pour aux gouvernements de mener des actions concrètes et aux partenaires de collaborer efficacement.

Cet alignement favorise la théorie du changement d'une réforme prioritaire, améliorant ainsi à la fois les pratiques d'enseignement et la gestion globale de l'éducation.

Alignement des ressources sur les processus nationaux

Les biens et les ressources mobilisés par les partenaires extérieurs sont alignés sur les processus nationaux afin de renforcer les systèmes du pays et ainsi de coordonner les financements intérieurs et extérieurs, et suivre les progrès réalisés.

Dans la mesure du possible, cela inclut l'utilisation de systèmes de gestion des finances publiques et de redevabilité pour garantir des allocations de ressources plus équitables dans le domaine de l'éducation, que ce soit entre les écoles ou les groupes d'élèves.

Au Sénégal, plusieurs partenaires, dont le GPE, utilisent des modalités de financement alignées pour renforcer les systèmes éducatifs, notamment les mécanismes de planification annuelle décentralisée du secteur de l'éducation.

Cette approche permet d'orienter les ressources vers les régions vulnérables et les zones qui en ont le plus besoin. Le personnel désigné facilite une coordination étroite entre le ministère de l'Éducation et celui des Finances afin d'assurer une collaboration harmonieuse.

Il est également essentiel de coordonner le suivi et d'encourager la responsabilité mutuelle au cours du processus de mise en œuvre d'une réforme de l'éducation afin de vérifier si les ajustements politiques et les actions des partenaires permettent d'atteindre les résultats escomptés.

Grâce aux pactes de partenariat, les ministères de l'Éducation et leurs partenaires continuent de mettre l'accent sur leurs pratiques de coordination, en particulier sur les mécanismes et les capacités susceptibles d'accélérer le changement dans les domaines prioritaires de la réforme de l'éducation en supprimant les obstacles.

Des capacités renforcées et spécifiquement dédiées à la coordination sont indispensables pour garantir la pérennité des réformes éducatives

Les capacités de coordination ne sont ni automatiques ni acquises au sein des systèmes éducatifs. Elles requièrent une attention et un soutien particuliers ainsi que des investissements soutenus, souvent étayés par des cadres politiques.

Les pays partenaires du GPE, en collaboration avec leurs partenaires, renforcent leurs mécanismes de coordination afin d'améliorer la mise en œuvre et l'impact des réformes de l'éducation.

Cadres politiques soutenant la coordination: Au Kenya, la coordination a été évaluée comme un catalyseur hautement prioritaire de la réforme visant à améliorer les résultats scolaires. La stratégie nationale en matière d'éducation pour la période 2023-2027 comprend des plans visant à institutionnaliser les cadres de coordination et à renforcer le leadership et la gestion entre le ministère et les agences et entre les niveaux du gouvernement, en s'inspirant également d'un vaste processus de consultation.

En Indonésie, la mise en œuvre de la grande réforme Merdeka Belajar (« Émanciper l'éducation ») depuis 2019 s'appuie sur le lancement bien communiqué de politiques majeures (27 au total en mars 2024).

Cette démarche a renforcé la cohérence et l'alignement des éléments de la réforme (y compris le modèle de transformation des écoles et tous les changements connexes de la gestion des écoles, du financement, des programmes, de l'autonomisation des enseignants, de l'enseignement, de l'évaluation et des transitions de et vers d'autres niveaux) et de toutes les parties prenantes de l'éducation vers l'objectif de la réforme d'amélioration des résultats scolaires des élèves.

Renforcer les capacités de dialogue politique : les ministères de l'Éducation tirent parti des pactes de partenariat pour renforcer les capacités de dialogue sectoriel et limiter la redondance des efforts entre les programmes des partenaires afin d'atteindre les objectifs du pays partenaire en matière d'éducation.

À Zanzibar, le groupe local des partenaires de l'éducation a procédé à une auto-évaluation afin de mesurer l'efficacité de son dialogue et de sa coordination. Cet effort a permis d'identifier les forces et les faiblesses de la dynamique du partenariat et des modalités de travail, ouvrant ainsi la voie à une collaboration plus efficace.

Au Mozambique, le développement du pacte de partenariat a permis au gouvernement et à ses partenaires de l'éducation de définir des options pour améliorer davantage le financement coordonné de l'éducation. Les efforts comprennent l'exploration du financement existant basé sur les résultats pour améliorer l'efficacité des ressources et consolider les contributions des partenaires à sa réforme de professionnalisation de la prestation de services d'éducation.

Renforcer la coordination entre les différents niveaux de gouvernance : dans d'autres pays comme le Népal, le Sénégal et l'Ouganda, les pactes de partenariat soutiennent les gouvernements dans leur amélioration des mécanismes de coordination verticale entre les niveaux de gouvernance.

Dans le contexte de la planification de l'éducation, ces efforts visent à : aligner la programmation des partenaires sur les processus au niveau infranational ; et renforcer la capacité des planificateurs et des gestionnaires à intégrer les considérations de genre, d'inclusion et d'équité pour s'assurer que les réalités au niveau de l'école soient prises en compte dans les cadres de planification plus larges.

Favoriser la coordination thématique : en Sierra Leone, dans le contexte de la réforme prioritaire de l'apprentissage fondamental, la coordination thématique a été renforcée par l'institutionnalisation de l'Education Data Working Group (groupe de travail sur les données de l'éducation).

Dirigé conjointement par les directions de la planification et de la politique, de la technologie et de l'innovation, et par la Teacher Service Commission (Commission du service des enseignants), le groupe harmonise les sources de données fragmentées sur les apprenants et l'apprentissage. Cette intégration permet une planification, un déploiement des enseignants et une allocation budgétaire plus équitables.

De même, au Kenya, un groupe interministériel (comprenant les ministères de la Santé, de l'Égalité des genres et de l'Éducation) a amélioré la coordination et la cohérence dans le traitement des questions liées à l'éducation des filles.

Répondre aux crises par la collaboration : dans les contextes de crise, les groupes locaux des partenaires l'éducation collaborent avec les mécanismes de coordination d'urgence pour assurer la continuité de l'éducation et les efforts de reconstruction.

Au Tchad, un nouveau modèle de leadership alterné entre les ministères vise à renforcer la collaboration entre le groupe local des partenaires de l’éducation, le cluster éducation et le Groupe de travail sur l'éducation des réfugiés afin qu'ils opèrent dans un cadre de consultation unifié aux niveaux national et décentralisé, améliorant ainsi la coordination de la réponse à la crise et le rétablissement à long terme du système éducatif pour que les enfants continuent d'apprendre.

Une coordination efficace des systèmes éducatifs, qu'elle soit verticale, horizontale, thématique ou qu'elle réponde à une crise, est le tissu conjonctif d'un écosystème éducatif, permettant l'alignement, l'adaptabilité et l'équité à tous les niveaux.

Le renforcement des capacités de coordination est essentiel pour faire avancer les réformes de l'éducation, améliorer l'efficacité des ressources et garantir l’équité des résultats scolaires.

En institutionnalisant des cadres de coordination, en favorisant le dialogue et en comblant les insuffisances de la coordination verticale et thématique, les pays partenaires démontrent le pouvoir de la collaboration dans la transformation des systèmes éducatifs.

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Ce blog s'appuie sur une analyse antérieure, compilée par Carmela Salzano. Il fait partie d'une série sur la transformation des systèmes, rassemblant des perspectives et des idées de partenaires et de praticiens sur ce que nous apprenons sur la transformation des systèmes éducatifs dans différents contextes et sur ce qu'il faut pour y parvenir.

À lire également : Une action coordonnée pour transformer l'éducation : Pourquoi s’engager ?

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