Le nouveau document d’orientation du RMSE renforce les préoccupations sur la baisse de l’aide à l’éducation

Si la communauté internationale ne montre pas de volonté politique en s’engageant à un soutien accru à l’éducation dans les pays en développement, nous risquons de nier le droit à l’apprentissage de 263 millions d’enfants et de jeunes non scolarisés, ainsi que de centaines de millions d’élèves scolarisés mais qui ne bénéficient pas de l'éducation de qualité dont ils ont besoin.

16 juin 2017 par Karen Mundy, UNESCO Institute of Educational Planning
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Lecture : 7 minutes
Des élèves se dirigeant vers leur salle de classe après le rassenblement du matin au lycée de Gbimsi à Savelugu dans la Région du Nord au Ghana. Mai 2016. Crédit: GPE / Stephan Bachenheimer

Toute personne ayant suivi les tendances du financement de l'éducation dans le monde ne sera pas surprise d'apprendre du nouveau Document d’orientation du Rapport mondial de suivi sur l’éducation de l’UNESCO (RMSE) que, bien que la totalité de l’aide au développement dans le monde ait augmenté ces dernières années, la part de cette aide destinée à l’éducation dans les pays en développement soit stagnante.

Nous l’avions vu venir. Nous savons depuis un moment que l’aide à l’éducation de la part des nations les plus riches du monde était en baisse, et le document politique montre en effet que la part allouée à l’éducation dans le total de l’aide est en déclin depuis six années consécutives, passant ainsi de 10 % en 2009 à 6,9 % en 2015.

Le financement actuel de l’éducation ne nous permettra pas d’atteindre l’ODD 4

Comme l’a remarqué l’an dernier la Commission internationale sur le financement des opportunités éducatives dans le monde, les niveaux actuels du financement de l’éducation ne permettent pas de satisfaire l’Objectif de développement durable d’une éducation de qualité pour tous à l’horizon 2030. Si les pays donateurs n’accroissent pas substantiellement leur engagement à aider les pays en développement à offrir à davantage d’enfants l’éducation dont ils ont besoin et qu’ils méritent, ils condamneront à l'échec l'ODD en matière d'éducation dans les pays les plus défavorisés au monde.

S’appuyant sur les données de l’OCDE, le document du RMSE remarque que le total de l’aide publique au développement (APD) a augmenté d’environ 5 % en termes réels entre 2014 et 2015 – passant ainsi de 145 milliards à 152 milliards de dollars. La crise croissante des réfugiés est un des moteurs de ce changement. Mais la part de l’APD destinée à l’éducation a, quant à elle, diminué.

Encore plus inquiétant, depuis 2010, les bailleurs du CAD de l’OCDE réduisent leur soutien à l’éducation de base. Ceci est tout particulièrement problématique pour nous, alors que le GPE s'apprête à lancer début 2018 sa prochaine campagne de reconstitution des ressources. La reconstitution des ressources du GPE est un moment où les pays du monde entier se rassemblent pour exprimer leur soutien à l'éducation de base au bénéfice des enfants les plus marginalisés. Cette reconstitution arrive au moment où l’on doit faire encore davantage pour conserver l’élan de progrès constaté dans de nombreux pays où nous intervenons.

C’est pourquoi nous faisons appel aux bailleurs actuels, tout comme aux nouveaux bailleurs, pour augmenter les ressources du fonds du GPE, afin d’atteindre 2 milliards de dollars par an d’ici 2020 et 4 milliards de dollars par an à l’horizon 2030.

Ceci permettra au GPE de soutenir 89 pays qui accueillent près de 870 millions d’enfants et d’adolescents, dont 78 % des enfants non scolarisés dans le monde.

Le GPE a un impact efficace dans les pays ayant les besoins les plus pressants

Le document d’orientation du RMSE souligne à raison que l’impact du GPE, « très efficace dans les pays ayant les besoins les plus pressants. » Il ajoute que le soutien du GPE à l’éducation de base et au premier cycle du secondaire dans les pays en développement continue de croître malgré une stagnation de l’aide mondiale à l’éducation.

Selon le document, avec des décaissements annuels croissants, passés de 16 millions en 2004 à 446 millions de dollars en 2015, le GPE est le deuxième bailleur de fonds de l’éducation de base et du premier cycle du secondaire après la Banque mondiale.

Le document souligne également que les pays en développement eux-mêmes ont fait face au déclin de l’aide mondiale à l’éducation en augmentant les investissements dans leurs systèmes éducatifs. Si ces efforts sont admirables, ils ne seront pas suffisants pour ces pays, en proie à des difficultés économiques. Sur la base des tendances actuelles du financement, l’UNESCO estime que les pays en développement sont face à un manque de fonds pour l’éducation d'environ 39 milliards de dollars pour la période 2015 - 2030.

Le financement de l'éducation dans les situations de crise humanitaire est trop faible

Le document nous rappelle également que le financement de l’éducation en situation de crise humanitaire reste à la traîne. Les demandes de financement pour l’éducation dans les situations d’urgence ont augmenté de 21 % au cours des cinq dernières années, conséquence de crises humanitaires prolongées tout comme nouvelles.

Le financement de l’éducation dans les situations d’urgence reste cependant bien en-deçà de la cible de 4 %. Il se situe actuellement à 2,7 % du montant total de l'aide humanitaire qui se monte à 19,7 milliards de dollars. Le secteur éducatif reçoit également une part inférieure à la moyenne du montant demandé dans les appels à l’aide humanitaire – 48 % en 2016, comparé à 57 % en moyenne, tous secteurs confondus.

Pendant des années, le secteur de l’éducation a sonné l’alarme pour attirer l’attention sur cette diminution du financement de l'éducation, et le nouveau document d’orientation du RMSE nous rappelle donc qu'il nous faut à présent intensifier notre appel.

Si la communauté internationale ne montre pas de volonté politique en s’engageant à un soutien accru à l’éducation dans les pays en développement, nous risquons de nier le droit à l’apprentissage de 263 millions d’enfants et de jeunes non scolarisés, ainsi que de centaines de millions d’élèves scolarisés mais qui ne bénéficient pas de l'éducation de qualité dont ils ont besoin.

Nous mettrions ainsi en danger l’avenir du reste du monde, qui dépend d’une population alphabétisée et éduquée pour faire régner prospérité, santé, stabilité et paix.

Les enjeux sont trop élevés pour laisser perdurer ce statu quo.

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Je suis abonné à ce site depuis l'année passée et je suis responsable d'une plate forme des ONG qui oeuvre dans l'éducation axée sur la Jeune fille en RD Congo, dans la Province du Haut Katanga.

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