La technologie : un énorme avantage pour les enfants handicapés!
Le thème de la journée internationale des personnes handicapées de cette année est le développement durable et la technologie. Comment toutes les personnes handicapées, partout dans le monde, peuvent-elles bénéficier des progrès des nouvelles technologies?
03 décembre 2014 par Marion Steff
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Lecture : 8 minutes
Jeune indien utilisant DAISY (Digital Accessible Information System) (c) Sightsavers

Nous fêtons aujourd’hui la Journée internationale des personnes handicapées. Cela signifie que partout dans le monde, des personnes handicapées et valides tentent « de promouvoir la compréhension des questions liées au handicap et de mobiliser un soutien en faveur de la dignité, des droits et du bien-être des personnes handicapées.» 1

Le thème de cette année est Le développement durable et la technologie. . De nos jours, la technologie est plus prometteuse que jamais. Elle suscite anticipation, excitation et espoir qu’un jour, toutes les personnes handicapées du monde entier bénéficieront des progrès des nouvelles technologies ! C’est aussi la dernière occasion de célébrer la Journée internationale des personnes handicapées dans cette ère des Objectifs du Millénaire pour le développement. L’année 2015 marque en effet le début des Objectifs du développement durable (ODD) qui encadreront les travaux de développement pour les 15 prochaines années.

La technologie : c’est super, mais est-ce équitable ?

Je trouve que l’accès à la technologie n’est pas équitable, n’est pas clair et parfois, pour les gens comme moi, un peu bizarre. Au Royaume-Uni, tous les jours, j'entends des adolescents utiliser des tablettes à l'école dans le but d’améliorer leur performance, je vois mes neveux utiliser des applications mobiles pour comprendre leurs devoirs de mathématiques, j'observe dans les musées des enfants occupés à des activités interactives d’apprentissage sur le Web qui leur permettent de mieux comprendre notre patrimoine. Je trouve vraiment tout cela fantastique !

Mais je me demande pourquoi de tels progrès technologiques ne touchent pas plus rapidement et plus efficacement les millions d’enfants des pays en développement, et plus particulièrement, tous les enfants handicapés appartenant à la génération de demain ?

Comment est-il possible que nous soyons capables d'avoir un accès aux réseaux mobiles et à Internet dans les endroits les plus reculés de la planète et que nous ne puissions toujours pas fournir des services de base tels que l'eau propre, la santé et l'éducation ? Le monde est-il devenu fou ?

La technologie : un énorme avantage pour les enfants handicapés !

Aujourd’hui, je ne veux pas tenter d’influencer les décideurs politiques. Je ne veux pas penser aux ODD, aux cibles, aux indicateurs, à la mise en œuvre, aux mécanismes de responsabilité, à la révolution des données, etc. Je veux prendre le temps de réfléchir. De penser à ces enfants handicapés, qui, avec un peu de soutien, de sens commun et d’amour bénéficient déjà des progrès technologiques.

Je pense à Lavitra2 dans l’état du Jharkhand en Inde. Lavitra a perdu la vue à l’âge de 8 ans, suite à une grave infection. Maintenant âgé de 15 ans, il a déclaré à Sightsavers qu’il n’oublierait jamais le jour où il a cru « que tout était perdu », que son indépendance et son avenir s'étaient volatilisés. Il est resté chez lui pendant cinq ans, jusqu’à ce que le partenaire de Sightsavers, Chetna Vikas, vienne lui rendre visite chez lui en 2012, dans le cadre du projet d’éducation inclusive du Jharkland. L’organisation a aidé son retour à l’école, grâce au soutien dont il avait besoin pour bien réussir.

Lavitra sait désormais lire le Braille et utilise son appareil DAISY (Digital Accessible Information System ou système d’information accessible digitalement) pour apprendre. Cette magnifique technologie est un substitut audio pour document écrit spécifiquement conçu pour les personnes atteintes de handicap visuel, comme la cécité, la malvoyance et la dyslexie. Grâce à cet appareil, Lavitra peut lire et retrouver sa fierté. Il déclare lui-même :

“Je suis en 3ème et j’aime aller à l’école et jouer avec mes amis. Je participe régulièrement aux activités sportives et aux jeux, aux chants, aux concours de Braille et aux quiz et je remporte des prix et des félicitations. J’ai davantage confiance en moi et je suis fier de partager mon expérience et mon apprentissage basé sur la technologie avec l’état et la région”.

Aujourd’hui, je pense également aux 68 élèves aveugles qui fréquentent le lycée Wechi au Ghana en compagnie d’autres élèves non handicapés. Grâce au Fonds d’investissement du Ghana pour les communications électroniques (Ghana Investment Fund for Electronic Communications-GIFEC), chaque élève ayant un handicap visuel a reçu un ordinateur portable gratuit pour mieux apprendre. Faites le calcul : 68 ordinateurs – une sacrée réussite !

Jusqu’alors, ces élèves ne pouvaient assister qu’aux cours théoriques de TIC (Technologies de l’information et de la communication). Ils peuvent désormais mettre en pratique leurs connaissances. Ils peuvent également accéder en ligne à des informations en toute autonomie, sans devoir compter sur leurs camarades voyants. Enfin, ils peuvent bénéficier de l’éducation qu’ils méritent !

C’est bien, mais ce n’est pas encore assez !

Mais le monde n’agit pas suffisamment. Lavitra n’aurait pas dû rester chez lui pendant cinq ans ; il aurait dû pouvoir exercer son droit à l'école, aidé par la technologie.

Les 68 élèves aveugles du lycée Wechi n’auraient pas dû attendre si longtemps avant d’obtenir les ordinateurs portables si essentiels à leur apprentissage.

Nous devons cesser d'exclure les plus marginalisés pour la seule raison que leur voix n'est pas la plus forte. Le monde a la technologie, le pouvoir de toucher chacun et d’assurer à chacun de nous la possibilité d’être un membre actif de la société.

Quand tirerons-nous enfin le meilleur parti du potentiel technologique ? Grâce aux ODD ? Les 15 prochaines années nous le diront.

Bonne journée internationale des personnes handicapées !

Merci à mes collègues Sabitra Kundu et Prasanna Kumar en Inde pour avoir partagé avec moi l'histoire de Lavitra. Merci également à ma collègue Getty Oforiwa Fefoame du Ghana, ainsi qu’à ICEVI Africa et les associations et SCF (services centrés sur la famille) pour avoir partagé l'histoire du lycée Wechi.

Marion Steff est conseillère en politique (Inclusion sociale et éducation), Sightsavers

Notes:

  1. Source : Site Internet des Nations-Unis 'Enable'
  2. Le prénom a été modifié afin de protéger l'identité

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