Créer la génération de l’apprentissage demande un changement fondamental des données de l’éducation
Le Groupe inter-institutionnel et d'experts sur les indicateurs des ODD se réunit pour examiner les cadres et les plans de travail nécessaires pour concrétiser les promesses faites à l'horizon 2030.
29 mars 2017 par Bridget Crumpton, The World Bank, et Silvia Montoya, UNESCO Institute for Statistics
|
Lecture : 8 minutes
Victor Muntagu, proviseur au lycée de Chavuma en Zambie. Crédit: GPE/Carine Durand
Victor Muntangu, Proviseur du lycée de Chavuma en Zambie, collecte des données sur les performances de ses élèves afin d'identifier les défis auxquels ils sont confrontés. Ces données sont transmises au Ministère de l'éducation pour éclairer l'élaboration des politiques. Selon Victor, « les politiques initiées sur la base de données du terrain sont très efficaces ».

Des objectifs ambitieux exigent davantage de données de meilleure qualité, raison pour laquelle le groupe d’experts inter-institutions sur les indicateurs des ODD se réunit aujourd’hui à Ottawa. Des experts venus des pays et d’institutions internationales, dont l’Institut pour la statistique de l’UNESCO (ISU) vont réexaminer une fois de plus les cadres et plans d’action nécessaires à la réalisation des engagements pris pour 2030.

La bonne nouvelle est que tout le monde s'accorde sur la force et la valeur des indicateurs de l'éducation. Le défi reste leur production et diffusion de façon à ce qu'ils soient activement exploités. Nous sommes tout à fait d'accord avec cela.

Comme le souligne le Rapport de la Commission pour l’éducation, l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4) portant sur l’éducation ne peut être atteint sans données probantes solides.

Pour montrer la voie, un nouveau document, préparé pour la Commission par l’ISU préconise une révolution des données de l’éducation, sur la base de trois piliers :

  • Créer un environnement favorable dans lequel les communautés, les Etats et la société civile exploitent les données en vue d'agir et de favoriser la responsabilité.
  • Produire des données de haute qualité permettant une comparaison internationale en soutenant les efforts de l'ISU en matière de développement des normes, méthodologies et indicateurs nécessaires au suivi des avancées au niveau mondial tout en plaçant les Etats, les bailleurs et les parties prenantes devant leurs responsabilités.
  • Renforcer la diffusion des données et leur exploitation par les Etats, les communautés et la société civile afin d’accroître la responsabilisation au moyen de tout un ensemble de mécanismes, tels que les pratiques de données ouvertes, les nouvelles technologies de l’information en matière de stockage des données, ainsi qu’une meilleure intégration des données et un échange systématique des informations entre les différents niveaux de gouvernement et les autres institutions.

La Commission pour l’éducation et l’ISU soulignent également quatre domaines nécessitant un meilleur suivi et une plus grande responsabilisation .

- Tous les enfants doivent être davantage visibles dans les statistiques de l’éducation, notamment ceux que les données ne reflètent pas aujourd'hui, c'est-à-dire les enfants déplacés par la guerre, les enfants handicapés, les orphelins et les autres groupes vulnérables.

- Il doit y avoir suffisamment de données pour effectuer un suivi des avancées sur la voie de l’ODD 4, notamment en matière d’équité. Les programmes internationaux d’enquête auprès des ménages doivent être harmonisés afin que des indicateurs comparables soient produits sur la fréquentation scolaire, l’achèvement, l’alphabétisation, les dépenses, l’équité et les autres thèmes clés.

- Les évaluations portant sur l’apprentissage doivent être réconciliés au sein d’un cadre commun, et il nous faut une meilleure coordination afin de réduire les coûts de transaction. Ce document préconise un processus participatif pour améliorer et mobiliser les résultats issus des évaluations nationales de l’apprentissage, garantir leur mise en œuvre grâce à une orientation technique au niveau international et assurer le financement extérieur adéquat de la transmission au niveau international de données de qualité issues de ces évaluations.

- Les données sur le financement de l’éducation doivent couvrir toutes les sources de financement. Aux côtés de l’Institut international de planification de l’éducation l’ISU a développé la méthodologie des Comptes nationaux de l’éducation (CNE) pour couvrir toutes les sources de financement.

Le défi est à présent d’aider les pays à utiliser cet outil afin de suivre qui dépense quoi en matière d'éducation.

Quels sont les étapes spécifiques ?

La première étape implique un financement et un engagement durables, afin de trouver des solutions et des méthodologies communes. Il nous faut une approche transparente, inclusive et participative afin de garantir le meilleur suivi possible des avancées sur la voie de l’ODD 4, et que les données de l’éducation prennent toute la place qui leur revient en tant que bien public et outil politique.

Il nous faut également clarifier le rôle et les responsabilités en matière de suivi de l’éducation, pour qu'il n'y ait aucun chevauchement des fonctions et que tous les acteurs soient engagés pour un bénéfice maximum. Au niveau international, l’ISU propose que le Groupe consultatif technique sur les indicateurs de l’ODD 4 ‐ Éducation 2030 (GCT) demande un soutien afin de maintenir son leadership dans le développement et l’application des cadres et indicateurs nécessaires au suivi des cibles en matière d’éducation.

Une des tâches du groupe serait de réviser les plateformes nationales de transmission à l’ISU afin de garantir la fourniture des données requises pour le suivi de l’ODD 4.

Au niveau national, il nous faut améliorer les capacités en termes de statistiques, mieux coordonner les institutions régionales et internationales et s’aligner sur les politiques nationales. Les Etats et les institutions internationales doivent mieux soutenir les capacités nationales de collecte, production et diffusion des données de l’éducation.

Au niveau du secteur privé, il nous faut mobiliser le secteur privé des TI, afin de soutenir les pays.

Équiper les pays des moyens de TI de base nécessaires à la collecte, au traitement et la diffusion des données de l’éducation ne coûterait que 0,002 % du total des revenus annuels des 14 plus grandes entreprises de TI.

Pour que l’ISU remplisse ses fonctions, il nous faut également augmenter son financement, en tant que source mondiale des données sur l’ODD 4. La Commission pour l’éducation en appelle tout particulièrement aux partenaires de développement pour augmenter le soutien à l’Institut, qui œuvre quotidiennement auprès des pays pour les aider à mettre en place les cadres d’indicateurs et à remédier aux revers rencontrés dans les efforts élargis de réalisation des objectifs mondiaux en matière d’éducation.

La vision fixée par l’ISU et la Commission pour l’éducation est ambitieuse – inutile de nier que l’amélioration des données de l'éducation est un processus progressif qui pourrait prendre des années.

Un changement radical est néanmoins possible si les organisations internationales apportent un soutien technique, favorisent la coordination et soutiennent la production de données en tant que bien public mondial. Les efforts conjoints peuvent induire le changement nécessaire pour favoriser l’émergence de la génération de l’apprentissage.

Lire aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas divulguée. Tous les champs sont requis

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.

Texte brut

  • Global and entity tokens are replaced with their values. Explorer les jetons disponibles.
  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.