Comment le GPE a aidé le Guyana à braver l'inconnu pendant la pandémie de COVID-19
22 mai 2023 par Talia Miranda, GPE Secretariat |
Lecture : 5 minutes

4 points à retenir sur la façon dont le Guyana a soutenu l'éducation dans ses régions les plus reculées pendant la pandémie, et comment l’aide du GPE a permis aux enfants de continuer à apprendre.


Plus de trois ans après le début de la pandémie de COVID-19, il est difficile de tirer des enseignements positifs des ravages causés par le virus sur la santé, le bien-être des populations et l'économie.

Cette situation désastreuse avait pris tout le monde de court. Rapidement, les pays ont compris que laisser les enfants à la maison pendant de longues périodes sans aucune instruction ni accès à l'apprentissage nuirait non seulement à leur scolarité, mais aussi à leur santé mentale.

Au Guyana, la pandémie a entraîné la fermeture des écoles pendant environ 18 mois, entravant ainsi l’accès de plus de 208 000 élèves à leurs salles de classe. Dans les régions reculées, certaines écoles sont restées ouvertes en accueillant à tour de rôle des groupes plus petits d’enfants dans les classes.

Jennifer Peters, first year teacher, Aranaputa Nursery, Region 9
« Lorsque nous avons entendu parler de la COVID-19 pour la première fois, nous en savions très peu sur cette maladie. Nous savions que nous devions fermer les écoles et rentrer chez nous. C’était il y a seulement 3 ans, en mars 2020, mais il est difficile de se souvenir à quel point nous nous sommes tous sentis impuissants face à ce nouveau virus dangereux. »
Jennifer Peters
Enseignante en première année à l’école maternelle d’Aranaputa dans la Région 9

Un financement d'urgence de 3,5 millions de dollars, avec l'UNICEF comme agent partenaire, a rapidement été approuvé par le GPE courant 2020 pour aider le Guyana à faire face aux effets de la COVID-19 et soutenir la continuité de l'apprentissage. Les activités de ce financement se sont achevées fin 2022.

Le programme avait pour objectif de fournir des ressources et du matériel d’apprentissage aux enfants les plus difficiles à atteindre, de garantir l’accès à l'apprentissage en ligne aux élèves disposant des infrastructures nécessaires, de promouvoir des mesures d’hygiène et de santé pour permettre aux élèves de retourner à l'école en toute sécurité, et de trouver un moyen d'évaluer les connaissances que les enfants ont perdues durant la pandémie par rapport à celles qu’ils avaient acquises auparavant.

Nicola Johnson, Chief Planning Officer, Ministry of Education
« Le soutien apporté par le GPE au Guyana a été considérable. Grâce à l'aide du GPE, nous avons été en mesure d’impliquer les élèves, d’apporter un soutien psychosocial et d’autres formes d’appui aux enseignants pendant la pandémie, ainsi que d’engager le dialogue avec les enseignants. »
Nicola Johnson
Responsable de la planification auprès du ministère de l'Éducation

Nous souhaitons examiner ici l’incidence du programme dans les régions les plus reculées du pays et souligner quatre points forts à retenir.

1. Même sans accès au numérique, l’apprentissage est possible

Dans les régions reculées, les enfants n’avaient pas accès à l’apprentissage numérique. C'est la raison pour laquelle le ministère de l'Éducation a conçu divers matériels imprimés pour les élèves. Il s'agissait notamment de fiches d’exercices et de ressources autodirigées qui suivent le programme scolaire et étaient distribuées chaque semaine aux familles par les enseignants et les représentants du ministère.

Un kit d'apprentissage à la maison. Crédit : Ministère de l'éducation
Un kit d'apprentissage à la maison
Credit:
Ministère de l'éducation

Le ministère de l'Éducation s’est assuré d'impliquer des enseignants d'origines diverses pour créer ces outils d'apprentissage et garantir qu'ils reflétaient la diversité du Guyana et qu'ils étaient bien accueillis par les enfants et les familles, quelle que soit leur origine ethnique.

Il a fallu du temps pour préparer ces ressources. Mais une fois disponibles, les matériels imprimés ont permis à TOUS les enfants du Guyana, et pas seulement à ceux ayant accès à des tablettes ou à des ordinateurs, de poursuivre leur apprentissage.

Les enseignants ont tous indiqué qu'ils appréciaient les fiches d’exercices et qu’ils les trouvaient efficaces pour accompagner les élèves, principalement parce qu’elles suivent le programme scolaire, qu’on peut y accéder et les utiliser facilement.

Les enfants de sixième année, qui avaient besoin d'un soutien supplémentaire pour préparer leur examen de fin du cycle primaire, ont reçu des kits comprenant des livres adaptés à leur niveau, des jeux éducatifs, des cartes de support visuel et d'autres matériels. Les familles ont beaucoup apprécié ces ressources, d'autant plus que ces enfants ne disposaient généralement d’aucun livre à la maison.

Irfan Akhtar, UNICEF Deputy Representative in Guyana
« L'un des avantages des kits d'apprentissage était l’implication des parents. De nos jours, les parents sont plus engagés et continuent à soutenir l'apprentissage de leurs enfants. Cette motivation est primordiale pour les enfants, en particulier pendant la petite enfance. »
Irfan Akhtar
Représentant adjoint de l'UNICEF au Guyana

En constatant l'efficacité et l'accueil favorable des ressources imprimées pour soutenir l'apprentissage, les enseignants du primaire continuent à les utiliser. Les familles souhaitent également continuer à avoir accès au matériel imprimé, qui leur a permis de rester impliquées dans l’instruction de leurs enfants et de suivre leurs progrès.

2. Apprendre en famille peut être amusant !

Une autre conséquence de l’enseignement à domicile est que les parents doivent s'impliquer davantage dans l’apprentissage de leurs enfants et les soutenir. Dans les communautés où les taux d'alphabétisation sont faibles, certains parents ont éprouvé des difficultés. Les enseignants les ont aidés en les appelant régulièrement pour faire le point et les accompagner.

« Nos frères et nos sœurs nous aidaient avec les cours à domicile et nos parents aussi. La matière la plus difficile à apprendre tout seul était les mathématiques. »
Des élèves de l’école primaire de Moco Moco dans la région 9

Mais cette situation a également favorisé une plus grande implication de tous les membres de la famille.

Les ménages ont emménagés des espaces d'apprentissage pour permettre à leurs enfants de disposer d'un espace réservé à leurs études. Les frères et sœurs plus âgés aidaient les plus jeunes. Même les grands-parents y ont participé et ont trouvé l'apprentissage amusant !

Louise Jarvis, headteacher, Surama Nursery School, Region 9
« Certains parents ne se souvenaient pas des sons de certaines lettres. Il leur était alors difficile de nous aider. Nous avons donc dû assister les parents et nous avons pratiqué tous les protocoles sanitaires pour lutter contre l’épidémie de COVID. »
Loreen Jarvis
Directrice et responsable de la formation, école maternelle de Surama. Région 9

3. Les bonnes pratiques d'hygiène sont renforcées

Des élèves de l'école primaire de Saint Ignatius se lavent les mains après un projet artistique, à Lethem dans la Région 9 du Guyana. Crédit : GPE/Kelley Lynch
Des élèves de l'école primaire de Saint Ignatius se lavent les mains après un projet artistique, à Lethem dans la Région 9 du Guyana.
Credit:
GPE/Kelley Lynch

Le programme soutenu par le GPE a financé des points de lavage des mains dans toutes les écoles des régions isolées, notamment des lavabos, des réservoirs d'eau et du savon. La pandémie a contraint tout le monde à réapprendre les bonnes pratiques d'hygiène.

Ces bonnes pratiques ont été réintégrées dans les routines quotidiennes des écoles et les enfants du Guyana chantent même cette comptine pour s'en souvenir :

« Je dois toujours me laver les mains
Avant de prendre mes repas
Sinon les germes des deux
Infecteront mon corps. »

Les parents se sont sentis rassurés de remettre leurs enfants à l'école en septembre 2021 en sachant que ces mesures étaient en place. Par ailleurs, ils ne mettent plus leurs enfants à l'école s'ils sont enrhumés ou fiévreux, ce qui limite la propagation d'autres virus et bactéries.

Le ministère de l'Éducation devra veiller à ce que les écoles reçoivent un financement suffisant afin de garder ces nouveaux postes de lavage en état de fonctionnement à l'avenir.

4. La pandémie de COVID-19 a contraint les pays à planifier les crises futures

Au tout début de la pandémie, le Guyana a reçu un financement du GPE de 70 000 dollars pour l'aider à planifier sa stratégie d’intervention face à la crise.

Nicola Johnson, Chief Planning Officer, Ministry of Education
« Le premier financement dont nous avons bénéficié de la part du GPE s’élevait à 70 000 dollars. C’était pendant les fermetures d'écoles, pour pouvoir élaborer notre politique de gestion des risques. Cette politique est la première du genre au Guyana. Le financement du GPE nous a donné une idée des mesures que nous devions entreprendre et de la manière dont nous devions interagir avec les élèves et les enseignants, mais aussi avec les parents et les membres de la communauté. »
Nicola Johnson
Responsable de la planification auprès du ministère de l'Éducation

Le pays a beaucoup appris au cours des trois dernières années sur les solutions qui ont bien fonctionné pour maintenir l'engagement des enfants dans l'apprentissage et celles qui n'ont pas fonctionné. Ainsi, le Guyana sera plus à même de faire face à la prochaine crise qui affectera son système éducatif.

Le soutien rapide du GPE a été essentiel pour aider le pays à passer à l'action et à adapter sa stratégie d’intervention afin de répondre au mieux aux besoins de ses enfants.

Lire aussi